Une fois passés les jeux Olympiques et leur couverture télévisée gigantesque, les Paralympiques vont une nouvelle fois devoir se passer de la moindre retransmission en direct sur les grandes chaînes françaises, au grand dam des sportifs.
"Le handisport n'est pas assez médiatisé. C'est sûr qu'on a envie de plus", regrette l'escrimeur Romain Noble, 32 ans, l'un des 163 sportifs français engagés aux jeux Paralympiques de Londres, qui s'ouvrent mercredi.
Ils s'annoncent comme les plus grands jamais organisés, avec 166 pays représentés, 4.200 athlètes - soit le plus gros événement sportif en nombre de participants après les jeux Olympiques - et la quasi-totalité des 2,5 millions de billets déjà vendus, une première.
Ces Jeux devraient aussi battre des records d'audience, selon le comité organisateur (Locog), qui a déjà négocié les droits de diffusion avec de très nombreux pays. Le Locog espère au moins 4 milliards de téléspectateurs, davantage qu'à Pékin en 2008.
Une pétition recueille 19.000 signatures
Mais alors qu'en Grande-Bretagne, la chaîne Channel 4 promet plusieurs heures de "live" quotidien, aucune grande chaîne nationale ne diffusera de direct en France.
Un jeune sportif fan de handisport, Benoît Coulon, a même lancé cet été une pétition sur internet pour demander une diffusion plus conséquente sur France Télévisions. "16 heures de direct par jour pour les jeux Olympiques. Pas une minute pour les jeux Paralympiques", relève ainsi avec amertume M. Coulon dans le texte de cette pétition, qui a recueilli près de 19.000 signatures.
Au final, France 2, qui n'avait prévu au départ que "l'image du jour" vers 20H30, a accepté de programmer en plus un magazine quotidien vers 17H00. Une émission de 52 minutes passera sur France 3 en fin de soirée mais les cérémonies d'ouverture et de clôture ne seront quant à elles retransmises que sur la chaîne France O, moins connue du grand public.
"Des sportifs à part entière"
TF1 a pour sa part promis des sujets dans ses différents journaux tandis que TV5 Monde a prévu une série d'émissions spéciales. Seule la chaîne régionale TV8 Mont Blanc a fait le pari de 77 heures de retransmissions en direct.
Pourtant, le monde du handisport, et plus largement celui du handicap, avait déjà protesté après les Jeux de Pékin en 2008, que la Fédération française de handisport (FFH) jugeait déjà trop peu couverts par les médias français. "Pour que le gosse au fin fond du Gers se dise +c'est possible+" (de faire du sport en étant handicapé, NDLR), il faut des images à la télévision", martèle le président de la FFH Gérard Masson.
L'escrimeuse multi-médaillée Laura Flessel, très engagée auprès des sportifs handicapés, note tout de même un certain "regain d'intérêt" de la part des médias depuis les jeux de Pékin car la Chine avait tout fait pour donner aux jeux une plus grande visibilité. Mais elle reste à l'unisson de ses homologues handicapés: "il faut passer des images", dit-elle. "Tout le monde sait pertinemment qu'on a besoin de ça, de reconnaissance, pour aller démarcher (les sponsors), ou pour faciliter l'intégration des sportifs de haut niveau dans les entreprises", explique la championne.
Assia El Hannouni, sensation des jeux d'Athènes et de Pékin où elle avait gagné six médailles d'or, est également amère. "On est des sportifs à part entière, on fait des performances et pourtant on se retrouve avec seulement quelques diffusions (...) et aucun direct, alors que le public est demandeur, c'est regrettable", déclare la jeune femme.
"Ce manque de retransmission télévisée nous attriste beaucoup. C'est un peu comme si on nous disait qu'on ne le méritait pas", abonde Orianne Lopez, qui concourra sur 100 m.