Le groupe TF1, fragilisé par une cascade de mauvaises nouvelles, a encore perdu mercredi près de 6% à la Bourse de Paris, portant son recul depuis le début de l'année à 20%, alors que le groupe subit de plein fouet la crise qui menace ses recettes publicitaires.
Au terme d'une journée sombre pour la chaîne de Martin Bouygues, le titre a enregistré la troisième plus forte baisse parmi les valeurs composant l'indice SBF 120, pour terminer la séance à 6 euros (-5,6%).
La chaîne amiral du groupe Bouygues ne cesse d'aligner les mauvaises nouvelles, avec une érosion continue de ses audiences, la concurrence agressive de la chaîne qatarie Al-Jazeera sur l'information et le sport et l'éclosion des petites chaînes qui fleurissent sur la TNT.
La série noire s'est poursuivie mardi quand la chaîne privée, qui réclamait 150 millions d'euros de dommages et intérêts à la plateforme vidéo YouTube pour contrefaçon et concurrence déloyale, a été déboutée et condamnée à payer les 80.000 euros de frais de justice.
Le lendemain, la présentatrice vedette du Journal télévisé de 20h00, Laurence Ferrari, annonçait son départ de TF1 pour rejoindre une chaîne TNT de la concurrence, Direct 8 (groupe Canal+), alors que le quotidien Le Figaro évoquait un possible retour de la publicité sur les chaînes publiques.
A l'arrivée de la journaliste, recrutée par l'actuel PDG Nonce Paolini en 2008, TF1 était le maître incontesté du PAF pour ce rendez-vous, avec huit millions de téléspectateurs, mais en quatre ans la Une a perdu un quart de son audience, concurrencée notamment par les chaînes d'info en continu.
Autre mauvaise nouvelle pour la chaîne privée: la menace du rétablissement après 20h00 de la publicité sur les chaînes concurrentes du service public qui en était privées depuis 2009. Ce serait une manne pour France Télévision... au plus grand détriment de TF1 et de sa concurrente M6.
"L'impact sur les chaînes privées serait significatif", jugent les analystes du courtier CM-CIC Securities dans une note. "Une telle modification en faveur de France TV serait déstabilisatrice pour les grandes chaînes privées, dans un contexte publicitaire tendu", expliquent-ils.
Selon le Figaro, cette nouvelle donne pourrait générer quelque 200 millions d'euros de recettes supplémentaires pour France Télévision. Des sommes sur lesquelles comptaient bien TF1 et M6, qui avaient plutôt bien résisté à la déprime du marché publicitaire en 2011, alors que la disparition totale des écrans de réclame des chaînes publiques était programmée pour 2015.
Le groupe admet lui même que les incertitudes restent importantes en 2012, en raison d'une conjoncture toujours instable qui génère "une importante volatilité dans la prise de décision des annonceurs".
Mais pour Natixis, la punition est peut-être excessive. Le titre TF1 affiche une des baisses les plus importantes du secteur médias depuis 12 mois (-50% contre -11% en moyenne pour le secteur). Et le cours de bourse actuel valorise la première chaîne française à zéro, dans l'hypothèse d'une vente de ses principales filiales et participations...
"La sous-performance s'est accélérée ces dernières semaines en raison d'un premier trimestre jugé décevant, avec un chiffre d'affaires publicitaire en baisse de 4%", relève Natixis.
"La récession en Europe mine le marché publicitaire et impacte fortement le secteur, et en particulier les acteurs très locaux qui, comme TF1, n'ont pas de forces de rappel à l'étranger", estime un autre analyste.