Le journaliste Williams Daniels, rentré vendredi de Syrie avec sa consoeur Edith Bouvier, blessée à la jambe, a raconté lundi sur France Inter leur première tentative avortée pour quitter Homs par un tunnel dans lequel ils sont restés "quasiment trois heures", un "cauchemar".
"C'est une opération assez simple à faire. Le problème c'est que ce n'est pas adapté à l'état de santé d'Edith", a raconté le journaliste comme s'il revivait la scène.
"Il faut la préparer, on la scotche complètement dans une civière, il faut la descendre par un trou et après il faut la porter dans ce tunnel qui ne fait qu'un mètre 50 ou 1 mètre 60 de haut. Donc c'est très dur pour ceux qui portent la civière en étant pliés en deux, donc ça prend beaucoup de temps", a-t-il poursuivi.
"Je pense qu'en tout on a passé quasiment trois heures dans ce tunnel et pendant qu'on transporte Edith en sueur, on est tellement lents qu'on est doublés par plein de gens, notamment des civils qui fuient, des enfants, des femmes qui fuient par ce tunnel".
"Le fait qu'il y ait eu beaucoup de monde, l'opération a été très, très longue et donc a fait beaucoup de bruit pendant plusieurs heures à la sortie et c'est ce qui a fait que l'armée a fini par intervenir et a tiré à la sortie du tunnel", a-t-il dit, décrivant la "peur" des gens qui fuient et des Syriens portant la civière sur laquelle se trouve sa consoeur.
"Le dernier Syrien qui était avec nous nous donne sa kalachnikov et nous dit +je vais revenir, je vais revenir, protégez-vous, vos narines+, car il a peur que des gaz chimiques soient envoyés et il s'en va".
"C'est un cauchemar, on ne sait pas comment s'en sortir, on est tout seuls", a ajouté le journaliste, qui a expliqué que la solution était "venue d'un rebelle" : il "venait essayer de récupérer des blessés avec une vieille moto. Il y a des motos qui traînent dans ces tunnels et ils s'en servent pour transporter des gens. On est à trois sur cette moto, il y a de la boue donc ça glisse. La moto roule pas très droit, Edith se cogne et s'ouvre la tête qui saigne et puis on revient à la case départ, on retourne dans Baba Amr (quartier de Homs), dans l'hôpital, donc c'est violent".