Un deuxième roman qui sonne déjà comme un coup de maître. Après «Kidnapping», paru en 2015, Maryline Gautier explore à nouveau la noirceur des âmes dans «Je ne suis pas un monstre».
Toujours publié aux éditions de la Différence, ce nouveau récit-qui garde, comme le précédent, l'idée d'une unité de lieu- prend place dans un hôtel particulier de l’avenue Montaigne. Un trio de parisiens huppés se croisent, se toisent et se fuient. D’abord, il y a les Grimaud mère et fils : Mathilde, femme d’affaires et de politique, et son fils Mathieu, le narrateur.
A leurs côtés, Irène, la dévouée assistante, oeuvre avec autant de dévotion que de compétence, et si peu d’orgueil. Ces trois-là ne savent ni se parler ni s’aimer. Alors quand se rajoute le bel Olivier Legendre dont Mathieu tombe fou amoureux, c’est l’explosion. Revient soudain à la surface le traumatisme originel et avec lui, le récit de la vie de Mathieu, des ors jusqu’au désordre.
A la formule classique du trio qu’un élément perturbateur dissout, Maryline Gautier ajoute la finesse de son analyse psychologique, déjà à l'oeuvre dans «Kidnapping». Ce n’est pas qu’un roman noir, c’est un roman sur la noirceur que chacun porte, mais qui cherche à prendre la lumière. Et cette lumière, c’est peut-être le style fin de Maryline Gautier, qui l’apporte. En peu de mots, elle sait faire ressentir au lecteur la compassion pour le pire de chacun de ses protagonistes, comme pour le meilleur. Ce deuxième roman est une confirmation du talent d’une auteur, qui creuse le sillon du thriller pour mieux le sortir des codes du genre.
Je ne suis pas un monstre, de Maryline Gautier, Editions de la Différence, 16 €.