En direct
A suivre

Présidentielle américaine 2024 : le style vestimentaire des candidats est un outil de campagne, d'après les experts

Qu’il s’agisse du candidat républicain ou de la candidate démocrate, rien n’est accidentel. [Evelyn HOCKSTEIN/Brendan MCDERMID/REUTERS]

Vecteur d’image, le vestiaire de Kamala Harris et de Donald Trump a largement été commenté par le public tout au long de cette campagne. Couleurs, coupe et accessoires... nombre d’observateurs ont tenté d’y déceler des messages cachés. Ainsi, le style est devenu une arme électorale de poids.

L’image fabrique l’opinion publique. Dans la dernière ligne droite des élections présidentielles américaines, les faits et gestes de Kamala Harris et de Donald Trump demeurent toujours autant scrutés. Un principe également valable pour leurs vêtements, qui depuis le début de la campagne, ont fait l’objet d'analyses des experts de la mode. Interrogée par CNEWS, la critique du New York Times Vanessa Friedman affirme qu'ils «correspondent à la façon dont ils veulent être perçus». 

Depuis ses débuts, en tant que procureure, vice-présidente, puis en tant que candidate démocrate dans la course à la Maison Blanche, Kamala Harris – qui pourrait devenir la première femme à diriger les Etats-Unis et la deuxième personne de couleur à ce poste, après Barack Obama -, n’a pas apporté de grand changement à sa garde-robe. Veste de tailleur cintrée et pantalons larges ou fuselés dans des tons neutres, escarpins et colliers de perles sont sa signature. Tout au long de sa campagne, Kamala Harris a ainsi arboré une apparence présidentielle avec un vestiaire conçu pour donner une image élégante, mais autoritaire. 

Quant à son rival Donald Trump, quiconque en fermant les yeux imagine son costume bleu marine aux larges épaules, ses pantalons froissés, sa chemise blanche, sa cravate rouge portée en dessous de la ceinture ou encore son teint orange et sa casquette «Make America Great Again». Une image qui prête à sourire, mais qui selon Derek Guy, journaliste spécialisé en mode masculine derrière le compte X Dieworkwear s’est cristallisée depuis les années 1980 et davantage inscrite dans l’esprit du grand public avec la diffusion de l’émission The Apprentice en 2004.  

une palette de couleurs maîtrisée

Qu’il s’agisse du candidat républicain ou de la candidate démocrate, rien n’est accidentel. Pour Derek Guy, Donald Trump «s’habille en fonction de sa morphologie», mais cet aspect pratique s’ajoute à une palette de couleurs très maîtrisée. En effet, lors du premier débat des républicains pour la primaire qui se tenait en août 2023, tous les candidats hormis Nikki Haley arboraient le style de l’ancien président, à savoir, un costume marine assortie à une cravate rouge taillée dans un tissu brillant.  

Un schéma réitéré par les ténors du parti comme Byron Donalds, Doug Burgum ou encore Mike Johnson qui se sont rendus à New York pour soutenir leur chef lors de son procès en début d’année. Chez les démocrates, «Kamala Harris a un uniforme qu'elle a développé en tant que procureure et qu'elle a porté tout au long de son mandat au Sénat et en tant que vice-présidente», explique Vanessa Friedman estimant que «c'est manifestement ce qui lui permet de se sentir à l'aise et efficace et sa décision de s’y tenir est bien évidemment stratégique». 

Toutefois, «le fait qu'elle porte soudain beaucoup plus de chemises à col lavallière (vêtement constitué de deux pans de tissus qui se nouent autour du cou, Ndlr) dans des moments très publics n'est pas non plus accidentel», a poursuivi la plume du New York Times. Ce fut par exemple le cas lors du débat présidentiel qui l’opposait à Donald Trump. Les observateurs ont alors vu la «pussy bow» comme une référence au mouvement anti-Trump né en 2016, quand il avait déclaré aimer attraper les femmes «by the pussy» (par l’entrejambe). Les Américaines avaient ainsi arboré la chemise en guise de protestation. 

Quel message pour l’électorat ? 

Dans une élection qui pourrait se jouer à quelques milliers de voix, il est difficile de prendre des risques. D’autant plus que les images des candidats «vont entrer dans le subconscient du public et l'aider à se forger une opinion», a assuré Vanessa Friedman.  

Lorsque Donald Trump s’habille, «il accorde ses vêtements avec les couleurs du drapeau américain», a-t-elle poursuivi. «Ses costumes se sont éclaircis avec le temps. Dans ses meetings, il se mélange aux milliers de drapeaux que ses partisans brandissent. ‘En votant pour Donald Trump, vous votez pour l’Amérique’». Un patriotisme ensuite renforcé par «une image d’homme d’affaires à succès qui dirige son pays comme une entreprise», déclare de son côté Derek Guy.   

Pour Kamala Harris, s’habiller peut s’avérer plus complexe que pour son homologue masculin «car les femmes sont soumises à plus d’attentes que les hommes», a pointé Vanessa Friedman. «Une étude réalisée il y a deux ans a d’ailleurs révélé que les électeurs tolèrent moins les cheveux rebelles et le col froissé d'une candidate que ceux d'un candidat. Ils y voient un manque de rigueur», a déclaré au New York Times, Amanda Hunter, directrice exécutive de la Fondation Barbara Lee Family.  

Mais les choses peuvent-elles changer ? Comme l’a souligné le site Business of Fashion, si Kamala Harris était élue le 5 novembre, elle pourrait s’essayer à un style vestimentaire «plus risqué» en rendant davantage hommage à des créateurs issus des minorités, sachant que la vice-présidente a déjà arboré les tenues imaginées par Sergio Hudson, Christopher John Rogers ou Kerby Jean-Raymond de Pyer Moss, trois stylistes afro-américains. «Dans un monde idéal - si notre société le permettait - j'aimerais voir la vice-présidente faire plus de clins d'œil culturels - même à ses racines indiennes», a déclaré au site spécialisé, Crystal deGregory, directrice de l'Institut Bethune. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités