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Marathon des Sables : «Il faut pouvoir répéter des efforts», explique le coureur Nicolas Maréchal

Nicolas Maréchal a participé à sa première édition en 2018. [© D.R]

Le 25 mars prochain, pas moins de 1.100 concurrents se présenteront sur la ligne de départ de la 36e édition du Marathon des Sables, pour une course de 250 km en 5 étapes, en autonomie alimentaire à travers le désert.

Après une première participation en 2018, Nicolas Maréchal s’apprête à tenter de nouveau l’expérience avec son épouse. Comment se sont-ils préparés ? Quelles sont les choses indispensables à savoir avant la course ? Quelle est la différence entre les espérances et la réalité de la course ? Le coureur a accepté de distiller quelques bons conseils pour ceux qui seraient tentés par l’aventure.

En tant que coureur aguerri, quelle est la particularité du Marathon des Sables par rapport aux autres courses ?

Pour commencer, c’est une course à étapes. Ce qui n’est pas courant dans le milieu. Dans la préparation, il va donc falloir intégrer le principe de la répétition des efforts. On commence par trois étapes d’une trentaine de kilomètres, puis une autour des 80 km le 4e jour – qui peut déborder jusqu’au cinquième – et ensuite un marathon de 42 km. Il faut être capable physiquement de repartir le lendemain matin, alors que le corps est en train de récupérer, et que les courbatures arrivent. Habituellement, quand on a fini notre course, on se repose. Pour les néophytes, il est important d’intégrer cette donnée, et travailler sur sa capacité à répéter des efforts.

Il faut être capable physiquement de repartir le lendemain matin.

Personnellement, je cours tous les jours, toute l’année, donc je suis habitué à cette répétition. Ma femme m’accompagne cette année sur le Marathon des Sables, ce sera sa première participation à une course. Mais aussi à ce type de course très particulière à étape. Donc on va se faire un week-end «choc», avec 20 km le samedi. Et on va recommencer cela le dimanche.

L’autre particularité est le fait de transporter son sac avec sa nourriture et ses affaires. Des conseils particuliers pour s’organiser au mieux ?

C’est effectivement un autre point important de cette course : nous sommes en autonomie quasi-complète. L’organisation fourni l’eau. Mais on doit avoir 7 jours de nourriture lyophilisée, ce qui représente entre 4 et 5 kilos. Puis on a, en fonction de désir de confort de chacun, des vêtements de rechange, un sac de couchage – parce qu’il fait très froid la nuit dans le désert – pour certains un petit matelas, une gamelle pour faire chauffer de l’eau, etc.

Les plus légers partent avec 6/7 kilos sur le dos, sans les gourdes remplies. Les plus besogneux peuvent avoir 13/14 kilos sur le dos, sans l’eau.

Cela demande de la préparation. Je dirais qu’on peut intégrer le sac lors d’une sortie sur deux, par exemple. Ou deux sorties dans la semaine. Plus ou moins chargés. Avec mon épouse, on a commencé au mois de janvier avec un sac proche des 4 kilos. En février, on est passé à 5 kilos. Mais on va s’arrêter là. Pendant la course, elle aura un sac proche des 7 kilos, moi j’aurais un peu plus.

On ne court pas à plein régime avec le sac sur le dos, en revanche, on s’occupe des réglages, avec le rangement, essayer de savoir au bout de combien de kilomètres il commence à frotter, à devenir gênant, ou pas. Il faut habituer le corps à porter le sac. Sans trop en faire, car on risque d’arriver très fatigué sur la ligne de départ. Voir abîmé au niveau du dos.

Comment se préparer à courir dans le désert, où les conditions sont très particulières, notamment avec d’importantes amplitudes thermiques ?

Il y a le désert, la météo, et tout ce que cela implique. Le 25 mars, nous allons nous retrouver au cœur du Sahara, où il fera 40 degrés minimum. En ce moment, selon où on se trouve en France, c’est quasiment impossible de recréer les conditions de la course. Il faut donc se poser les bonnes questions, à commencer par les vêtements, légers qui protègent des rayons UV et qui sèchent vite.

Des chaussures avec une pointure et demie supérieure à ce qu’on utilise habituellement. Parce qu’avec la chaleur et l’effort, le pied va gonfler. Et on peut se retrouver dans un cercle vicieux d’ampoule sur ampoule qui ne s’arrête jamais.

Les ampoules sont la première cause d'abandon.

Il faut être équipé de guêtres, qu’on ajoute au-dessus de la chaussure pour qu’il y ait le minimum de sable qui entre dedans. Et éviter les ampoules, qui sont la première cause d’abandon dans cette course.

Justement, existe-t-il une hygiène du pied particulière à mettre en place en amont, et pendant la course ?

Personnellement, j’ai de la chance, car je ne suis pas quelqu’un qui fait beaucoup d’ampoules. Comme je cours beaucoup tout au long de l’année, mes pieds sont bien entraînés. Les anciens frottaient leurs pieds tous les soirs, un mois avant, avec du citron. Avant de crémer le pied derrière. Aujourd’hui, il existe des crèmes spéciales, qui viennent tanner le pied, pour rendre le cuir un peu plus solide.

Puis en parallèle, on utilise une crème très grasse pour venir l’assouplir, afin d’éviter que la corne se casse pendant la course. Et franchement, on voit de ces choses sur le marathon des sables (rires). Si vous voulez voir les pieds les plus moches du monde, il faut participer à cette épreuve.

Cette histoire de pied n’est pas forcément la première chose à laquelle on pense pourtant avant une telle course…

Globalement, le pied est très négligé chez les coureurs qui débutent sur de la très longue distance. Ils privilégient souvent le sac, le t-shirt, des aspects plus technique. Alors que l’élément primordial selon moi, c’est la paire de chaussettes, et le choix de la chaussure. Et après on s’occupe du reste. Parce que quand vous avez les pieds en sang, c’est terminé.

Comment décririez-vous votre première expérience en 2018, entre vos attentes et la réalité sur le terrain ?

Le Marathon des Sables était vraiment la course que je rêvais de faire. À un moment, je me suis lancé. Je ne me sentais peut-être pas prêt, mais je voulais y aller. Il y avait un peu d’appréhension, et beaucoup de magie parce que j’ai grandi en regardant le Paris-Dakar à la télévision, en lisant le Petit Prince. Le désert me fascinait. Cela me semblait impossible de parcourir le désert en courant, avec sa maison sur le dos. Et en même temps, je me disais que l’expérience devait être dingue, et que ça devait être beau.

Cette course est une machine à laver le corps et l'esprit.

J’ai vécu une expérience incroyable sur le Marathon des Sables. C’est une course qui a changé ma vie. Dans la façon de pratiquer mon sport, la façon dont je vois mon sport. Et cela a changé ma vie au quotidien. Ce n’est pas une course, c’est une aventure. Aujourd’hui, j’ai la chance d’en être l’ambassadeur. Et à chaque fois, je préviens : attention, vous allez vivre quelque chose d’unique, et vous n’allez vas revenir les mêmes. Le Marathon des Sables est une machine à laver le corps et l’esprit. Et on me dit : «Mais moi, je n’ai pas envie de changer».

De quel changement parlez-vous ?

Le changement se fait de manière tout à fait inconsciente. Et beaucoup de coureurs reviennent chaque année pour revivre, non pas pour la performance sportive, mais pour l’aventure humaine, le bivouac, les copains, l’ambiance un peu colonie de vacances, être coupé du monde. Cette course permet de revenir à des choses très simples. On est dans un monde parallèle par rapport à notre société ultra-connectée et hyper-urbanisée.

J’ai pleuré plusieurs fois sur le Marathon des Sables, parce qu’on échange avec ses proches seulement par écrit, donc on se dit des choses différentes. Et puis il y a la fatigue. Il y a la beauté des paysages. C’est incroyable. La nuit dans le désert, quand on court dans les dunes, on a l’impression de pouvoir toucher les étoiles du bout des doigts. C’est ça qui est beau. On est dans un environnement qui sollicite l’âme et le cœur. Il y a une partie très rude et éprouvante, et en même temps, on ressent une sorte de plénitude dans le désert. Après une telle course, on revient forcément avec un petit peu de sable au fond du cœur.

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