Des milliers de touristes sont attendus vendredi à Niagara Falls pour la traversée des célèbres chutes par le funambule Nik Walenda, une opération particulièrement attendue du côté américain, dans une ville vieillissante qui se cherche un avenir.
Deux villes jumelles, l'une du côté américain de la frontière, l'autre du côté canadien, se partagent à la fois le nom et les chutes.
Le tourisme, depuis des années, est bien établi du côté canadien. Il est moins important côté américain où la vue est moins belle, même si on peut approcher les chutes de très près. Et la ville au passé industriel révolu a en 50 ans perdu la moitié de sa population, passée de 100.000 à 50.000 habitants. Le taux de chômage y est de 11,5%. "Aujourd'hui, deux tiers des gens sont soit à la retraite soit vivent d'allocations", explique à l'AFP l'historien Paul Gromosiak. "Et pour le tiers qui travaille, la plupart des emplois payent peu".
Dans le centre-ville aux larges avenues, non loin des chutes qui attirent quelque 8 millions de touristes par an (contre 10 à 20 millions du côté canadien), le spectacle est désolant : maisons vides aux fenêtres condamnées par du contreplaqué, toits éventrés, immenses parkings parfois déserts... "Ils n'ont pas d'argent pour détruire les maisons, et donc elles restent là", explique Paul Gormosiak.
Une aubaine pour le tourisme
La ville attend donc avec impatience la traversée des chutes du Niagara sur un fil par le funambule Nik Wallenda vendredi soir, du jamais vu depuis plus d'un siècle. La principale rue touristique, Old Falls Street, est plastronnée de petites bannières invitant à "venir vivre l'histoire". Les marchands de tee-shirts et autres souvenirs sont déjà en place.
Et John Percy, le président des opérations touristiques de la ville, est aux anges. "Nous ne pourrions pas nous permettre" une telle publicité, dit-il, évoquant les médias couvrant l'événement et l'intérêt qu'il suscite.
"C'est du platine en barre, encore mieux que de l'or", ajoute-t-il, soulignant que dans un monde compétitif, les villes ont impérativement besoin d'attirer l'attention.
Le funambule Nik Wallenda, 33 ans, issu d'une famille d'artistes de cirque et professionnel confirmé, a obtenu du Canada et des Etats-Unis une dérogation à l'interdiction de traverser les chutes, en place depuis la fin du 19è siecle.
60 mètres au-dessus des chutes
L'événement d'une nuit, même s'il profite brièvement aux commerçants de la ville, "ne changera pas tout", reconnaît volontiers John Percy. "Nous avons encore beaucoup de travail à faire". Mais il souligne les efforts pour régénérer le tourisme ces dernières années, désormais deuxième source de revenus du comté. Un institut culinaire va prochainement ouvrir, ainsi que plusieurs hôtels. D'autres, un temps abandonnés, ont été rénovés, un casino a été construit.
Et cette traversée des chutes "fait partie de cette renaissance", dit-il, en ajoutant qu'il aimerait voir dans sa ville "plus d'événements de cette ampleur". Le fil d'acier sur lequel marchera le fumanbule, à 60 mètres de haut au dessus du vacarme des chutes, est désormais installé.
Les badauds sont nombreux à proximité, impressionnés par le défi.
Certains parient qu'il enlèvera le harnais de sécurité que lui a imposé la chaîne de télévision ABC. D'autres font valoir qu'il y perdrait son sponsor et n'en a pas les moyens.
Paul Gromosiak n'est lui pas impressionné.
"Il va juste marcher ? Comparé aux funambules du passé, qui faisaient des sauts périlleux, ont porté une machine à laver, préparé des repas, dansé, marché les yeux bandés, cela va être ennuyeux", dit-il.
Mais toux ceux-ci traversaient en contrebas des chutes, dans un endroit moins dangereux, reconnaît-il.