Rouvert il y a quatre ans après une rénovation complète, le parc zoologique de Paris s'est étoffé peu à peu : son décor végétal a poussé, les animaux sauvages y sont plus nombreux mais son principal défi reste de parvenir à enrayer la baisse de la fréquentation.
«Six cent cinquante mille visiteurs en 2017, ce n'est pas rien, mais j'aimerais qu'il y en ait beaucoup plus», reconnaît Bruno David, président du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), propriétaire du zoo du Bois de Vincennes.
Créé en 1934, le zoo, célèbre pour son Grand Rocher, était devenu très vétuste. Sa refonte, qui a conduit à le fermer pendant plus de cinq ans, a coûté quelque 170 millions d'euros.
Elle s'est faite dans le cadre d'un partenariat public privé (PPP) signé en 2010 entre le Muséum et le groupement Chrysalis (Caisse des dépôts, Caisse d'épargne, Bouygues), qui a financé la majeure partie de la rénovation et se charge de la maintenance pendant 25 ans, moyennant une redevance annuelle versée par le MNHN.
Tout a été repensé. «Nous avons choisi de redémarrer de zéro», explique Alexis Lecu, directeur scientifique du zoo qui s'étend sur 14 hectares.
La visite se présente comme un «voyage» à travers cinq «biozones» (Patagonie, Sahel-Soudan, Amazonie-Guyane, Europe, Madagascar) reconstituant le milieu naturel des différentes espèces.
«Adolescent magnifique»
Le parc présente 180 espèces animales (3.500 animaux) dont 50 de mammifères (lions, jaguars, rhinocéros blancs, lamantins, loups ibériques, babouins...).
A la réouverture en avril 2014, les visiteurs affluent mais certains sont déçus de ne pas voir davantage les animaux.
Depuis «le zoo est sorti de l'enfance et c'est à présent un adolescent magnifique. Le décor végétal est superbe, les animaux se sont habitués au public et sont beaucoup plus visibles», selon Bruno David, à la tête du Muséum depuis septembre 2015.
Il manque en revanche de surfaces couvertes, ce qui le rend très dépendant de la météo.
Le Muséum garde les yeux rivés sur la fréquentation car le PPP, pointé en février 2017 par la Cour des comptes, se révèle être un piège. Il a été bâti sur un objectif de 1,4 million de visiteurs par an. Mais la fréquentation est en forte baisse.
De 912.000 visiteurs en 2015, elle est passée à 760.000 en 2016 et 650.000 en 2017.
«Le modèle économique supposé faire vivre le zoo ne tient pas car il était fondé sur des hypothèses de fréquentation totalement irréalistes par rapport à ce que peut réaliser ce type de zoo», souligne Bruno David.
Le zoo n'engrange pas assez de recettes. La redevance (13 millions d'euros) et les frais de fonctionnement lui coûtent 20 millions d'euros chaque année. Il est donc structurellement déficitaire.
Le Muséum a d'abord puisé dans ses réserves. Puis le ministère de la Recherche est venu à son secours, en injectant 14 millions pour 2017 et 2018.
«Choc d'investissement»
Le zoo, lui, se démène pour attirer davantage de public. Il a baissé ses tarifs jugés trop élevés, ramenant le prix du billet adulte de 22 à 20 euros.
Parallèlement, des animations ont vu le jour: nocturnes estivales, soirées musicales où les visiteurs, équipés de casques, peuvent danser jusqu'à 1h du matin, «rendez-vous sauvages» avec diverses espèces.
«Mais pas question d'installer une grande roue ! On ne va pas transformer le zoo en parc d'attraction même si on peut faire quelques concessions», avertit le patron du Muséum.
«Nous n'organisons pas de spectacles avec des rapaces, nous ne forçons pas les animaux à se présenter devant le public. Si une otarie n'a pas envie de se montrer, nous ne la poussons pas à sortir avec une lance à eau».
«C'est le zoo du Muséum. Il se doit respecter une éthique. Il est en outre porteur d'un message scientifique», notamment sur la conservation des espèces.
A la demande de ses tutelles, le parc a fait réaliser une étude par un cabinet. «Ils nous ont dit qu'un zoo devait faire des investissements réguliers pour ne pas voir sa fréquentation décliner. En gros, il faut investir un ou deux millions d'euros par an».
«J'aurais besoin d'un choc d'investissement», résume Bruno David.
Le cabinet d'études a suggéré de créer une sixième biozone, une partie du parc n'ayant pas encore été réaménagée, et d'introduire des espèces supplémentaires.
«On pourrait aussi rénover l'intérieur du Grand Rocher pour le rendre accessible au public». Mais «c'est un investissement très lourd qui nécessiterait l'aide de l'Etat».