Alors que l'on commémore les 40 ans de la mort du père d'Astérix, la Cinémathèque française se penche sur sa relation étroite et passionnée au septième art.
Certains l’appelaient «Walt Goscinny». Le papa d’Astérix et de Lucky Luke a, il est vrai, toujours rêvé de cinéma. Et s’il n’avait pas été emporté, le 5 novembre 1977, lors d’un test d’effort chez son cardiologue, René Goscinny aurait certainement réussi à rendre réel son rêve le plus fou : devenir le Walt Disney français.
A l’occasion du quarantième anniversaire de sa mort, à l’âge de 51 ans, la Cinémathèque rend hommage à ce créateur boulimique via ses propres productions cinématographiques, et son amour immodéré pour le septième art. L’exposition Goscinny et le cinéma, qui a ouvert au début du mois d'octobre et prendra fin le 4 mars 2018, offre ainsi aux passionnés comme aux simples curieux un voyage unique au cœur des inspirations d’un conteur hors pair.
Des caricatures aux studios «Idéfix»
Dès son enfance, passée en Argentine, loin des horreurs de la guerre, René Goscinny a montré un certain talent pour la caricature. A l’époque, il a d’ailleurs pris plaisir à croquer ses stars de cinéma préférées. De retour en France, il a délaissé ses carnets de croquis pour le stylo. Mais en adorateur de John Ford, il s’est alors inspiré des westerns pour créer, avec le dessinateur Morris, Lucky Luke et l’incroyable galerie de personnages qui l’entourent.
Au sein de l’exposition, le public est d’ailleurs invité, à plusieurs reprises, à comparer les acteurs qui ont inspiré des héros dans les différentes séries de Goscinny. On peut citer l’imperturbable chasseur de primes Elliot Belt, qui est une copie conforme de Lee Van Cleef. Quant aux Dalton dans «La balade des Dalton», ils singent avec talent la danse de Gene Kelly dans «Chantons sous la pluie». Enfin, le «Marius» de Marcel Pagnol, incarné par Raimu, est présent, tout en bonhomie méridionale, dans «Le tour de Gaule d'Astérix».
Une salle est d’ailleurs évidemment consacrée au Gaulois et à son compère Obélix, créés avec Uderzo, tant ils représentent la synthèse de la carrière de Goscinny. Avec sa science de la mise en scène et ses synopsis en forme de story-board, l’auteur franchit un cap.
Il créera alors certains albums, comme Astérix et Cléopâtre (1965), qu’il transposera lui-même en dessin animé. Jusqu’à ce que d’autres s’en emparent, longtemps après son décès.
Avec une conclusion : Goscinny se voyait autant en cinéaste qu’en scénariste. Au point de créer, en 1973, le studio d’animation «Idéfix», son Studio Disney à lui. Le visiteur plonge alors au cœur du processus de réalisation des dessins animés. Un César, exposé en fin de parcours, lui a été décerné à titre posthume en 1978, comme une reconnaissance tardive de la profession, lui qui a légué au septième art ses héros de papier.
Goscinny et le cinéma, jusqu’au 4 mars 2018 à la cinémathèque française, Paris (12e)