Il aurait eu cent ans cette année. Mort en 2009, Irving Penn a laissé une oeuvre photographique monumentale, à ranger dans les classiques du genre.
A partir de mercredi 21 septembre 2017, le Grand Palais expose quelques 238 tirages du photographe, dans laquelle les différentes facettes de ce génie photographique (mode, portraits...) y éclatent au grand jour. Voici trois raisons de se rendre à cette exposition évènement.
Une leçon de photographie
Qu’est-ce que le génie ? «Avoir un but élevé et vouloir les moyens d’y parvenir », analysait Nietzche. L'infatigable travailleur qu'était Irving Penn est indéniablement de ceux là. Dès les premières salles – centrées sur les débuts du photographe - , la beauté pure de ses photos apparaît comme une évidence. De ses premières photos de rue et portraits de célébrités, jaillissent un sens du cadrage inégalé et un méticuleux travail sur la lumière.
Truman Capote New York, 1948 / The Metropolitan Museum of Art, New York, Promised Gift of The Irving Penn Foundation © The Irving Penn Foundation
Comme en attestent ses natures mortes en couleur que l’artiste a réalisé pour Vogue à partir de 1943, la série de mégots de cigarettes datée de 1972 (flinguée par la critique d’alors !) ou encore ses clichés de «petits métiers» pris entre Paris, New York et Londres.
Irving Penna immortalisé nombre de petits métiers entre 1950 et 1951. Ci-contre, un chauffeur, un boucher et un laveur devitres ©DR
L’exposition donne également à voir une série de nus datant de 1949-1950, fruit d’un méticuleux travail autour de la chair pliée, tendue, relâchée, encore et toujours grâce au cadrage et la lumière.
Une salle expose une série de nus pris entre 1949 et 1950 ©DR
Un festival d’élégances
Connu avant tout pour sa longue collaboration avec le magazine Vogue, Irving Penn a laissé de nombreuses pépites, notamment ces clichés de la gracieuse Lisa Fonssagrives-Penn, devenue son épouse et muse, ou encore les photos de modèles en robes Balenciaga ou une souriante Marisa Berenson en robe de mariée, entre noirs profonds, blanc pur et jeux d’ombre. Il réalise aussi toujours pour le magazine de nombreux portraits devenus des classiques de la photographie, entre sobriété et grande intimité. Parmi eux, ceux de Picasso et son célèbre oeil averti, Jean Cocteau, Marlene Dietrich ou encore Salvator Dali.
Rochas Mermaid Dress (Lisa Fonssagrives-Penn) [Robe-sirène Rochas (Lisa Fonssagrives-Penn)] Paris, 1950 / The Metropolitan Museum of Art, New York, Promised Gift of The Irving Penn Foundation © Condé Nast
Salvator Dali, New York, 1947 / The Metropolitan Museum of Art, New York, Promised Gift of The Irving Penn Foundation © The Irving Penn Foundation
Un concentré d'humanité in vitro
Photographe de stars et de mode, Irving Penn n’en n’est pas moins un amoureux de la sensibilité humaine. Ce qui frappe le plus lors de cette visite est peut-être l’humanité qui se dégage de chaque photo, pourtant très souvent prise en studio. Un studio qu'il emportait partout dans lequel l'artiste restait discret et immortalisait ses modèles en silence. Et s’il y a cadrage et jeux de lumière minutieux, ce n’est que pour magnifier l’humain. Des enfants aux pieds nus de Cuzco en passant par les femmes voilées marocaines, le regard presque enfantin de John Galliano et la magnifique série des «petits métiers», toutes ces photos sont de vibrantes déclarations d’amour à l’humanité dans son essence la plus intime.
Ci-dessus, le rideau peint devant lequel posaient les modèles d'Irving Penn ©DR
A Cuzco, un fils et son père posent en 1948 pour le photographe ©DR