Jusqu’au 30 juillet, Avignon est le plus grand théâtre du monde. Rien que cette année, le festival off accueille près de 1400 pièces. CNEWS Matin vous aide à faire votre choix.
Si les jeunes compagnies comptent bien s’y faire repérer dans l’espoir d’être à l’affiche de salles plus grandes d’ici quelques années, les valeurs sûres et les têtes d’affiche ne boudent pas leur plaisir d’être à Avignon. Au contraire, elles sont nombreuses à faire le déplacement pour y présenter une création inédite ou tout simplement leur dernier spectacle. C’est notamment le cas cette année de Clémentine Célarié, Elie Semoun, Marc Jolivet ou encore Alexis Michalik, salué par cinq Molières cette année, pour sa pièce autour de la création de Cyrano de Bergerac, «Edmond». Une pièce qu’il adaptera pour le cinéma prochainement.
Avant-premières, rodages et première fois à Avignon
Alexis Michalik est comme un poisson dans l’eau à Avignon. Lui qui a présenté quasiment toutes ses pièces – «La mégère à peu près apprivoisée», «Le porteur d’histoire», «Le cercle des illusionnistes»… - est de retour cette année pour présenter sa dernière création, «Intra muros».
Donné pour la première fois en mars à Paris pour trois semaines seulement, ce huis clos entre un metteur en scène et deux détenus venus assister à un cours de théâtre, investira le très agréable théâtre des Béliers dirigé par Arthur Jugnot, avant d’être repris en septembre à Paris à la Pépinière théâtre.
© ERIC FEFERBERG / AFP Alexis Michalik en mai dernier lors de la cérmonie des Molières.
Pas une année ne se passe sans que Clémentine Célarié vienne présenter une création à Avignon. La comédienne ne déroge pas à la règle en 2017. Alors qu’en 2016, elle y avait rodé «Darius», pièce qui lui a valu en 2017 une nomination aux Molières dans la catégorie meilleure actrice, la pétillante quinquagénaire interprètera, cette année, une histoire d’amour mythique immortalisée sur grand écran. Dans «Sur la route de Madison», elle endossera le rôle culte de Francesca Johnson et succèdera ainsi à Meryl Streep. Il y a fort à parier que la pièce sera jouée à Paris dans un futur proche (Théâtre du Chêne noir).
A l’affiche de « Fausse note » (théâtre du Chien qui fume) Christophe Malavoy et Tom Novembre peaufineront les derniers réglages de ce face à face poignant entre un chef d’orchestre renommé, Alexandre Miller, et un admirateur venu le rencontrer dans sa loge. Mais au fil de la conversation, ce dernier devient de plus en plus pressant. Qui est cet homme ? Pourquoi est-il là ? La pièce signée Didier Caron sera jouée à Paris à la rentrée au théâtre Michel.
Zabou Breitman présentera sa dernière création «Logiquimperturbabledufou», librement inspirée d’Anton Tchekhov, Lewis Carrol et William Shakespeare et dotée de textes qu’elle a elle-même signés. La metteuse en scène y dirigera quatre comédiens. Confrontés au monde des névroses et de la folie, ils seront tour à tour patients, médecins et infirmers (théâtre des Halles).
Une très belle collaboration en perspective. Grégori Baquet, Molière de la révélation masculine en 2014, présentera pour la première fois à Avignon «On ne voyait que le bonheur», un texte signé Grégoire Delacourt, auteur de «La liste de mes envies», roman adapté au théâtre et porté à l’ écran en 2013 avec Mathilde Seigner et Marc Lavoine dans les rôles titres. Grégori Baquet interprètera un père au bout du rouleau. Alors que sa femme le trompe, que son patron l’humilie et que sa progéniture l’ignore, il décide un jour de tuer ses deux enfants puis de mettre fin à ses jours. Alors qu’il tire sur sa fille, il réalise son geste et n’ira pas plus loin. Quelle place y a-t-il dès lors pour le pardon ? (Théâtre Actuel).
Autre première à Avignon, celle de Mickaël Chirinian, avec «L’ombre de la baleine», un texte intime librement inspiré de Moby Dick qu’il cosigne avec OcéaneRoseMarie. (Conditions des soies)
De l’humour sans modération
Dans un autre registre, les humoristes ne seront pas en reste cette année. Nombreux sont ceux qui viendront présenter leur nouveau spectacle, à l’instar de Pierre-Emmanuelle Barré et son humour sans langue de bois, Mustapha El Atrassi, ou encore Cauet qui revient «enfin grandi», tous les trois au théâtre Le Paris.
Autre adresse incontournable de l’humour à Avignon, le théâtre du Palace affiche aussi une belle programmation. Elie Semoun y reprendra son spectacle «A partager», une galerie de personnages haute en couleur. La relève s’annonce également garantie. Après avoir séduit le public parisien, Gérémy Crédeville viendra pour la première fois tester sa cote de popularité auprès du public avignonnais. Sosie de Johnny Hallyday jeune, il y donnera son spectacle «Parfait et encore je suis modeste», à l'humour percutant.
Après avoir conquis le Point-Virgule, le belge Guillermo Guiz et son humour trash, qui lui a valu toute une série de prix, viendra lui aussi faire ses premiers pas à Avignon.
Gil Alma, comédien connu du grand public pour son rôle d'Alain dans la mini-série de TF1 «Nos chers voisins», présentera également pour la première fois à Avignon son one man show «Gil Alma 100 % naturel» qui a fait ses preuves à Paris.
Marc Jolivet, en solo ou accompagné de son compère Christophe Barbier, viendra donner une suite logique au spectacle «Nous présidents», présenté juste avant les élections. Si le titre ne change pas, le solo ou, selon les soirs, le duo, se projette cette fois en 2022. Coaché par Christophe Barbier, Marc Jolivet se prépare à être le prochain candidat à l’élection (Théâtre du Chien qui fume).
Séances de rattrapage et valeurs sûres
Si le Off est l’endroit idéal pour découvrir les jeunes compagnies et les nouveautés, c’est aussi l’occasion de voir ou revoir les pièces à succès.
Parmi elles, «Venise n’est pas en Italie» nommée aux Molières du meilleur seul en scène cette année. Portée par le génial Thomas Solivéres, aperçu dans «Intouchable», la pièce signée Ivan Calbérac, auteur de «L’étudiante et Monsieur Henri» raconte les premiers émois d’un ado de quinze ans. Thomas Solivéres y incarne les douze protagonistes de ce journal intime. Brillant (Théâtre des Béliers).
A voir également, Gaultier Fourcade. Ce grand habitué du festival dont le spectacle «Le secret du temps plié» a été joué quasiment en continu de 2007 à 2014 interprètera sa dernière création «Liberté !» sur une mise en scène de William Mesguich (Petit Louvre).
«Le chien», pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt présentée à Paris cette saison, vaut également le détour (Espace Roseau Teinturiers).
Côté humour, Yohann Métay et son seul en scène «La Tragédie du dossard 512» ayant pour thème la course à pied et l’ultratrail du Mont Blanc est une pépite pour coureur et non coureur comme le spectacle du comique Jarry «Atypique» (Le Palace).
Avignon est par essence le lieu des créations les plus audacieuses, et certaines pièces valent le détour pour leur seul concept. Dans «une très belle histoire de théâtre en presque 1 h 12», toute l’histoire du théâtre est racontée en un temps record, de Platon à Feydeau en passant par une cinquantaine d’auteurs (théâtre La Luna).
Dans un esprit tout aussi conceptuel, «L ’échantillothèque» propose d’assister à une pièce interactive impliquant le public. Sept grands textes d’auteurs légendaires et quatre lieux ou décors seront proposés aux specteteurs. Trois textes et deux lieux par texte seront sélectionnés. Dès lors, les deux comédiennes se lanceront dans une interprétation de six scènes parmi les vingt-huit combinaisons possibles (Théâtre condition des soies)
Dans un autre registre, deux pièces inspirées des films de genre donneront à voir de nouvelles propositions scéniques. « AAAAAHH ! » offre une version théâtrale des films d’horreur (La Carreterie) quand «Alimentation générale» revisite, de son côté, les films de zombies (Théâtre Les béliers). Une démarche vraiment originale.