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Le 71e festival d'Avignon fait de la place aux femmes

Le festival d'Avignon se tiendra du 6 au 26 juillet. [BORIS HORVAT / AFP]

Le coup d’envoi de la 71e édition du Festival d’Avignon sera donné jeudi. Cette grande messe du théâtre lancée en 1947 par Jean Vilar se déroulera sur vingt jours.

Les femmes, l’Afrique et les questions sociétales seront au cœur de sa programmation. Jusqu’au 26 juillet, 41 spectacles dont 33 créations et quatre spectacles présentés pour la première fois en France seront donnés dans la ville. Pour sa quatrième année à la tête du festival, Olivier Py fait comme l'an passé la part belle aux nouveautés. 70 % de la programmation seront consacrés à des découvertes avec trente-sept artistes programmés pour la première fois. 

Un festival de plus en plus paritaire

Une programmation qui tend également vers plus de parité avec 37 % de femmes. «Si la parité n’est pas encore atteinte, il n’y a jamais eu autant de femmes au festival cette année» soulignait Olivier Py lors de la conférence de presse en mars dernier «et comme on gagne 5 % de plus tous les ans, je ne désespère pas qu’à la fin de mon mandat, nous arrivions à une édition paritaire».

C’est sur la figure d’Antigone, femme jusqu’au-boutiste, que s’ouvrira le festival dans la Cour d'honneur du Palais des Papes. Un mythe revisité par le metteur en scène japonais Satoshi Miyagi qui mêlera rites grecs et japonais en proposant un théâtre d’ombre, de feu, d’eau et inspiré par la tradition bouddhique.

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©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Antigone sur une mis en scène de Satoshi Miyagi lors dse répétitions. 

Les artistes féminines ne seront pas non plus en reste. Autre époque, autre espace géographique, Caroline Guiela Nguyen a choisi de raconter dans «Saigon» l’histoire du Vietnam et de la colonisation à travers le regard de personnages français, vietnamiens ou français d’origine vietnamienne qui se croisent dans un petit restaurant.

La sicilienne Emma Dante dirigera quant à elle dans «Bestie di scena» des acteurs privés de texte, de décors, de rôles et de costumes tenus de faire face à ce qui arrive sur scène alors que leur groupe s’est soudainement désorganisé.

Les deux metteuses en scène, Julie Bertin et Jade Herbulot viendront clore leur tétralogie «Europe, mon amour» avec «Memories of Sarajevo», une fresque historique qui donne la parole aux habitants de Sarajevo en 1992 alors que la ville est assiégée et que le traité de Maastricht vient de transformer la Communauté Européenne en Union européenne.

Katie Mitchelly présentera, de son côté, une version revisitée des «Bonnes» de Jean Genet dont la situation résonne cette fois avec celle des femmes émigrées économiques, exploitées recluses dans la clandestinité.  Sans oublier Juliette Binoche qui, accompagnée d'Alexandre Tharaud, rendra hommage à Barbara dans «Vaille que vivre» une création pour piano et voix adaptée de l'autobiographie de la chanteuse décédée en 1997 «Il était un piano noir». 

Christiane Taubira une invitée de marque 

Si le festival d’Avignon est par essence un rendez-vous engagé, le metteur en scène et comédien Olivier Py qui présentera, par ailleurs, une adaptation scénique de son roman «Les parisiens», créé aussi l’événement en ayant convaincu Christiane Taubira d’apporter sa contribution au festival.

L’ex-Garde des Sceaux, en collaboration avec la metteur en scène Anne-Laure Liégeois, y proposera un feuilleton quotidien de cinquante minutes gratuit et donné en plein air intitulé «On aura tout». Elle y fera entendre tous les midis au jardin Ceccano des textes et des auteurs qui ont marqué les combats politiques de ces derniers siècles. Les grands discours d’hommes politiques tels que Victor Hugo Lamartine, Jaurès donnés à l’Assemblée côtoieront par exemple ceux du poète palestinien Mahmoud Darwich ou encore de la romancière turque Asli Erdogan sur des thèmes aussi variés que le travail, les violences faites aux femmes, la peine de mort, la décolonisation. Du théâtre citoyen interprété par une petite troupe d’amateurs et d’élèves du conservatoire d’art dramatique.

Le festival poursuit son focus sur l’Afrique subsaharienne

L’Afrique sera aussi très présente cette année. Sept spectacles ont pour ambition de souligner toute la créativité de la scène africaine à travers des propositions fortes. C’est notamment le cas de Dorothée Munyaneza, originaire du Rwanda, pays qu’elle a quitté à l’âge de douze ans, qui présentera «Unwanted», récits poignantes  de femmes violées en zone de conflits et des enfants nés de ces drames.

Le danseur sud-africain Boyzie Cekwana y questionnera, de son côté, la société et ceux qui attaquent la démocratie à travers «The last King of Kakfontein» tout à la fois conte sauvage et tragédie shakespearienne qui met en scène un tyran errant dans son palais de carton.

La pensée de Fela Kuti et le désir de liberté de la jeunesse burkinabée aujourd’hui sera au cœur de la création du danseur Serge Aimé Coulibali dans «Kalakuta Republik».

Enfin, «Femme noire», spectacle de clôture interprété par la danseuse Angélique Kidjo et le comédien Isaach de Bankolé et inspiré du poème éponyme de Léopold Sédar Senghor, devrait quant à lui faire vibrer la cour d’honneur du Palais des papes.  

Tout particulièrement polymorphe cette année, le festival accueillera, enfin, de véritables performances musicales à l’instar de la création de Rokia Traoré autour de la naissance de l’empire du Mandé au 13e siècle racontée selon la tradition des griots, ces conteurs dépositaires des histoires du passé.

Figures incontournables et habitués

Parmi les autres temps forts, il faudra également noter la présence du danseur de flamenco Israel Galvan qui installera sa «Fiesta» dans la cour d’Honneur du palais des papes tout comme celle du sociétaire de la Comédie française Clément Hervieu-Léger. Après avoir endossé l’année dernière le rôle de Gunther von Essenbeck dans «Les Damnés», adaptation de l’œuvre de Visconti qui signait en 2016 le grand retour du Français à Avignon après 23 ans d’absence, Clément Hervieu-Léger mettra, cette fois en scène,  l’ «Impromptu 1663», une réponse théâtrale de Molière après les critiques dont fit l’objet «L’école des femmes».

Habitué du festival, Guy Cassiers, présentera lui deux créations dont l’adaptation de «Le sec et l’humide», texte de Jonathan Littell, prix Goncourt en 2006 pour «Les bienveillantes»  qui dissèque, cette fois, le langage fasciste.

La famille tiendra également un rôle important dans cette programmation avec «Santa Estasi – Astridi : Otto Ritratti Di Famiglia» une création fleuve de seize heures découpée en deux parties qui donnera à voir l’histoire maudite de la famille des Atrides,  à travers huit portraits. 

Cette année, 122 000 billets ont été mis en vente et le festival compte bien atteindre 140 000 à 150 000 entrées en ajoutant les spectacles gratuits. Le festival off débutera lui vendredi. Il proposera jusqu’au 30 juillet plus de 1400 pièces à travers la ville.

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