Une motion de censure a été votée ce mercredi après le passage en force de Michel Barnier sur le budget de la Sécurité sociale. Le Premier ministre sera contraint de démissionner et Emmanuel Macron pourrait nommer un gouvernement technique pour le remplacer.
Alors que Michel Barnier et son gouvernement devront démissioner après l'adoption de la motion de censure votée ce mercredi à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron devra nommer dans la foulée un nouveau Premier ministre, s'il veut éviter la paralysie totale du pays. Faute de majorité, s'il ne veut pas que celui-ci soit imédiatemment censuré par le jeu des alliances entre les blocs, le président pourrait faire le choix d'un Premier ministre «apolitique» pour gérer les affaires courantes.
C'est la conséquence directe de la dissolution. Après les législatives du mois de juin, trois blocs se sont formés à l'Assemblée nationale : le Rassemblement national, le Nouveau Front populaire et «socle commun» composé du camp présidentiel et de la droite. Faute de majorité, Emmanuel Macron se voit dans l'impossibilité de nommer un Premier ministre sans qu'il soit automatiquement sous la menace d'une censure de la gauche et du RN.
Si le président de la République a tout de même tenté d'imposer Michel Barnier, issu de la droite, pensant être soutenu par Marine Le Pen, la cheffe de file du RN a réclamé un certain nombre de «lignes rouges» pour ne pas censurer le budget proposé par le gouvernement. Trop pour Michel Barnier, qui a choisi de passer en force en déclenchant l'article 49.3 de la Constitution. Dans la foulée, la gauche et le Rassemblement national ont déposé une motion de censure.
Se pose maintenant la question de savoir qui nommer à Matignon, pour remplacer Michel Barnier. Si Emmanuel Macron semble balayer l'hypothèse d'une personnalité de gauche, en dépit de la première place si l'on considère l'alliance du Nouveau Front populaire aux législatives, un Premier ministre trop à droite serait pour sa part censuré par le NFP, accompagné de l'aile gauche du camp macroniste. Un Premier ministre issu du socle commun ne ferait quant à lui que reproduire la situation actuelle.
Un gouvernement technique en charge des affaires courantes
Reste l'option d'un gouvernement technique. Concrètement, Emmanuel Macron pourrait nommer un gouvernement uniquement composé de hauts fonctionnaires et d'experts sans étiquette partisane, reconnus uniquement pour leurs compétences ou leurs fonctions. Ils seraient chargés des affaires courantes dans l'attente d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, qui ne peut être possible qu'à partir de juillet 2025, ou d'une nouvelle élection présidentielle.
Un gouvernement technique avec un Premier ministre «apolitique», serait une première en France. Cette piste avait déjà été évoquée en août dernier, après la dissolution de l'Assemblée nationale. Le nom d'un inconnu du groupe public, Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, avait émergé pour Matignon avant d'être finalement écarté au profit de Michel Barnier. D'autres noms apparaîssent aujourd'hui pour endosser ce rôle.
Outre le fait de rassurer les Français et d'assurer le bon déroulement des affaires du pays, le fait de nommer une équipe de technocrates pourrait aussi faire consensus auprès de la plupart des forces politiques, apportant une certaine forme de «paix», et surtout le déblocage politique de la France, qui se trouve actuellement dans une impasse. Reste à savoir si cette solution ferait l'unanimité dans l'opposition, qui semble plutôt réclamer, à ce stade, la démission du président.