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Motions de censure, «surenchère de Marine Le Pen»... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Michel Barnier

Le Premier ministre a pris la parole ce mardi soir. [REUTERS]

Fragilisé par l’usage du 49.3 lundi pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, le Premier ministre Michel Barnier a donné une interview télévisée mardi soir depuis Matignon. Il a évoqué les deux motions de censure de LFI et du RN, rejetant l’idée d’une démission d’Emmanuel Macron et rappelant les députés à leur «responsabilité».

Un long entretien pour répondre à un large éventail de questions politiques. Le Premier ministre Michel Barnier a répondu ce mardi soir, dans une interview télévisée donnée au 20h de TF1 et de France 2 depuis Matignon, à une série de questions entourant la crise politique touchant la France depuis plusieurs mois.

Cette crise a pris un nouveau tournant ce lundi, avec l’usage par Michel Barnier de l’article 49-3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale. Cette manœuvre politique a fragilisé son poste puisque deux motions de censure ont été déposées par LFI et le RN, pouvant ainsi faire chuter le Premier ministre de sa fonction.

Si c’était le cas, il deviendrait ainsi le deuxième Premier ministre à être censuré par l’Assemblée nationale depuis le 5 octobre 1962. Cela serait aussi historique sur le plan de la longévité de son gouvernement, qui deviendrait le plus court de l'histoire de la Ve République.

«Chaque député a des responsabilités devant ses électeurs»

En préambule de sa prise de parole, Michel Barnier a souligné la bassesse de certains députés, ciblant notamment certains élus LFI. Il a rappelé que «le bien commun et l’intérêt national veulent dire quelque chose», tout en assurant que «parfois, certains Français sont plus à la hauteur que certains hommes et femmes politiques».

Face à cette crise politique, il a estimé qu’un «réflexe de responsabilité» des députés était encore «possible» avant le vote de la motion de censure mercredi dès 16h.

«Je pense que c'est possible qu'il y ait ce réflexe de responsabilité où, au-delà des différences politiques, des divergences, des contradictions normales dans une démocratie, on se dise qu'il y a un intérêt supérieur. Je pense que l'intérêt supérieur du pays, le bien commun, l'intérêt national, ça veut dire quelque chose», a martelé le Premier ministre.

«On sait bien qui tient la plume de ce texte»

Pour tenter d’inverser le rapport de force, Michel Barnier a souligné la contradiction politique notable entre le RN et LFI, alors que la première formation politique énoncée a clairement fait savoir qu’elle voterait la motion de censure de la gauche.

Pourtant, au sein du texte déposé par la coalition de gauche, Michel Barnier n’a pas manqué de mettre en lumière la présence de ces phrases : «Nous avons fait barrage à l’extrême droite. Le Premier ministre a cédé aux demandes les plus vils du RN»

Alors que les deux journalistes menant l’interview lui ont rappelé que des députés du PS et du centre gauche ont aussi adhéré à cette motion de censure, Michel Barnier n’a pas manqué de cibler LFI comme le fer de lance de ce projet. «On sait bien qui tient la plume de ce texte», a précisé le Premier ministre.

Marine Le Pen est entrée «dans une sorte de surenchère»

Questionné au sujet des négociations menées entre lui et Marine Le Pen pour parvenir à un compromis politique, Michel Barnier n'a pas hésité à s'attaquer aux manoeuvres de l'ancienne candidate RN à la présidentielle.

«On n'est pas dans du marchandage, on n'est pas dans du chantage» avec le Rassemblement national mais Marine Le Pen est entrée «dans une sorte de surenchère», a affirmé le Premier ministre ce mardi soir.

«Il n'y a pas de marchandage, il y a eu une écoute», «une sorte de négociation», et la cheffe de file du RN «a essayé d'entrer dans une sorte de surenchère», a précisé Michel Barnier. «J'ai toujours dit que ce texte (le budget) était perfectible» et «on a écouté tout le monde et on a donné des avancées, des progrès sur beaucoup de points», a souligné ce dernier.

L’éventualité d’une démission d’Emmanuel Macron

Michel Barnier a rejeté toute possibilité de démission du président de la République. Il a rappelé l’importance de la stabilité, notamment en ces temps troubles sur le plan politique, arguant que le président de la République «est l’un des garants de la stabilité de la 5e République».

Il a mis en avant la nécessité de s'appuyer sur «le socle le plus important pour nous soutenir» à l'avenir, précisant ainsi que sa légitimité «est relative mais notre socle est plus important que celui des oppositions».

Alors que plusieurs partis accentuent leur pression sur le chef de l’État pour que celui-ci quitte ses fonctions, afin de sortir «d'une crise politique profonde», Emmanuel Macron a coupé court à l'hypothèse d'une démission. «Je serai là jusqu’à la dernière seconde, a-t-il déclaré à CNEWS ce mardi depuis l’Arabie saoudite. Je ne fais pas dans la politique fiction».

Le chef de l’Etat a également jugé inconcevable que l’Assemblée nationale vote la censure de Michel Barnier ce mercredi. «Je ne peux pas croire que le RN vote une motion de censure du Nouveau Front populaire, qui, dans les motivations, insulte son programme et ses électeurs», a-t-il analysé.

Une hausse des impôts à prévoir pour «18 millions» de Français

Le Premier ministre Michel Barnier a affirmé mardi que «18 millions» de Français «verront leur impôt sur le revenu augmenter» si le budget 2025 n'était pas adopté.

«L'impact de cette instabilité politique, vous la verrez immédiatement dans les taux d'intérêt», a assuré le chef du gouvernement dans cette interview.

Michel Barnier écarte un possible retour à Matignon

Interrogé sur un potentiel retour à Matignon dans le futur, Michel Barnier a mis de côté cette possibilité. 

«J'ai envie de servir (...) qu'est-ce que ça a comme sens si je tombe demain et on me retrouve là comme si de rien n'était ?», a précisé le Premier ministre.

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