Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui était à Rennes ce vendredi 1ᵉʳ novembre, souhaite l’adoption d’une nouvelle loi contre le narcotrafic. Il doit se rendre prochainement à Marseille avec le ministre de la Justice pour présenter des premières mesures.
«Point de bascule» face au narcotrafic, «mexicanisation» du pays : Bruno Retailleau a promis ce vendredi à Rennes une «guerre» longue et sans merci contre les trafics de drogue, passant notamment par une loi début 2025.
«Les narcotrafiquants sont partout, en milieu urbain, mais aussi, je viens de le voir, en milieu rural. Ils n'ont plus de limite. Et on est à un point de bascule, vraiment», a rappelé le ministre de l'Intérieur lors d'un point presse à l'issue d'une visite à Rennes, et au lendemain d'une fusillade sanglante à Poitiers où un adolescent de 15 ans est entre la vie et la mort.
Pour lutter contre le narcotrafic, «soit il y a une mobilisation générale pour ce grand combat qui prendra des années, et on le gagnera, soit il y a la mexicanisation du pays», a-t-il prévenu. Cette visite dans la capitale bretonne intervient une semaine après qu'un enfant de 5 ans a été grièvement blessé par balle lors d'un règlement de compte lié à un trafic de stupéfiants dans le quartier de Maurepas, où le ministre s'est rendu en début d'après-midi.
«Dès ce soir arrive la CRS 40, ils vont se relayer»
L'enfant a été blessé de deux balles dans la tête lors d'une course-poursuite à Pacé, près de Rennes samedi dernier, alors que la voiture que conduisait son père était prise en chasse par des hommes cagoulés, quelques heures après une première fusillade dans le quartier. Le père, originaire de Maurepas, est lui-même «trafiquant de drogue» et son fils est toujours entre la vie et la mort, selon le ministre.
La CRS 82, spécialisée dans les violences urbaines, avait été déployée dès dimanche dans ce haut-lieu du trafic de drogue à Rennes, théâtre de plusieurs fusillades depuis le début de l'année. «Dès ce soir arrive la CRS 40, ils vont se relayer» et resteront «tant qu'on n'aura pas retrouvé la tranquillité» dans ce quartier, a expliqué Bruno Retailleau. Des renforts de policiers de terrain vont également être envoyés à Maurepas pour pouvoir patrouiller 7 jours sur 7, contre 6 jours sur sept actuellement. Des annonces immédiatement saluées par la maire de Rennes, Nathalie Appéré, dans un communiqué.
«Briser l'écosystème»
Au-delà de la réponse sécuritaire, le ministre a également réaffirmé sa détermination à «briser l'écosystème» du narcotrafic, notamment en s'attaquant aux consommateurs et à la «culture de la banalisation» de la drogue. Le gouvernement, a-t-il annoncé, va lancer une campagne de communication très «cash» pour «mettre les consommateurs devant leurs responsabilités. Quand on fume, quand on prend de la coke, on participe à un système, à toute une chaîne qui sème la mort partout en France».
«Moi, je vois bien d'ailleurs, sur le territoire français, des enclaves, des mini-Etats, des narco-enclaves qui sont en train de se constituer. Je vois bien, dans les rapports qu'on me fait, s'étendre la toile de la corruption qui menace jusqu'à notre souveraineté», avait-il lancé plus tôt lors d'un échange avec une habitante de Maurepas.
Le ministre a de nouveau insisté sur son souhait que le gouvernement reprenne, en les renforçant, les propositions de la commission d'enquête sénatoriale contre les narcotrafics. Il a rappelé qu'une proposition de loi en ce sens était sur le bureau du Sénat et souhaité qu'elle soit examinée «le plus vite possible», «au plus tard en début d'année».