Avec près de 600 millions d’euros de recettes supplémentaires liées à la taxe foncière, en hausse de 52%, la mairie de Paris a collecté près d’un milliard d’euros en 2024. Mais comment la Ville a-t-elle utilisé cet argent, et que permettra-t-il de financer ?
Près d’un milliard d’euros : c’est la somme totale collectée par la Ville de Paris grâce à la taxe foncière, payée par les propriétaires parisiens, et augmentée de 52% fin 2022. Au total, ce sont près de 600 millions d’euros supplémentaires qui ont été amassés et qui ont permis de financer, selon la mairie, le désendettement de la ville, les services publics et d’importants investissements dans une année de Jeux olympiques.
Pour rappel, chaque propriétaire d'un bien au 1er janvier de l'année d'imposition, doit acquitter, pour l'année entière, la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB). Le montant de cette taxe est calculé en multipliant la base imposable du bien (valeur locative cadastrale) par les taux d’imposition applicables.
La valeur locative cadastrale correspond à un loyer annuel théorique que le propriétaire pourrait tirer du bien s’il était loué. Cette valeur est actualisée et revalorisée chaque année. Et le taux d'imposition est quant à lui voté au sein de chaque collectivité territoriale.
Jusqu’à 62% d’augmentation
La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait promis de ne pas augmenter les impôts. Et pourtant : en 2022, la Ville a décidé de voter une hausse du taux de sa taxe foncière, de 13,5 à 20,5%, soit une augmentation de 52%. Pour justifier son choix, l’édile avait invoqué une taxe inchangée depuis 10 ans et rappelé que la taxe foncière parisienne était la plus basse de France.
Selon la direction générale des collectivités locales, ce taux est toutefois inférieur à ceux votés pour 2023 dans les grandes villes de métropole de plus de 100.000 habitants, où il s'établit en moyenne à 43,91%. Et il est également inférieur au taux moyen national des communes et intercommunalités qui s'élevait à 37,72% en 2022.
Mais pour certains propriétaires, l’addition est encore plus salée. En raison de la revalorisation des valeurs locatives cadastrales de 7,2% en 2023, et de 3,9% en 2024 au niveau national, certains biens ont vu leur taxe atteindre 62% d'augmentation, soit environ 250 euros de plus pour les propriétaires d’un deux-pièces.
La dette, les services publics et les investissements
Si la pilule a eu du mal à passer pour les 730.000 propriétaires parisiens, plusieurs questions demeurent : comment la Ville a-t-elle utilisé cet argent, et que permettra-t-il de financer ? Selon l’adjoint (PS) d’Anne Hidalgo chargé des finances, cité par Le Parisien, le milliard d'euros perçu par la mairie de Paris, soit une part certaine du budget annuel d’environ 11 milliards d’euros de la capitale, sera utilisé pour financer les divers postes de dépenses de la Ville.
Une partie de cette somme sera ainsi utilisée pour résorber la dette de la ville, estimée à 8,8 milliards d’euros. Une autre partie devrait servir à financer de multiples dépenses, à l’image des postes d’agents de la police municipale, du prix de l’énergie, des pistes cyclables (2,6 millions d’euros le kilomètre), de la construction ou rénovation de logements sociaux (600 millions d’euros par an), des frais de fonctionnement de la ville, ou encore des dépenses de solidarité, (RSA, aide sociale à l’enfance…) imposées à la capitale, qui assume les responsabilités d’un département, une exception en France.
En dehors de ces dépenses, la Ville de Paris explique aussi avoir maintenu d’importants investissements, notamment avec les nombreux chantiers nécessaires pour l’accueil des Jeux olympiques de Paris 2024, mais aussi avec les chantiers plus «classiques» dont un grand nombre avait pris du retard en raison de la période Covid-19. Ces investissements sur le long terme nécessitent un budget important qui participe à la dette de la Ville et qui doit être financé en partie par les Parisiens qui profiteront des nouvelles infrastructures.
D'autres bénéficiaires
Enfin, une part de la taxe foncière ne revient pas directement dans les caisses de la Ville de Paris. En effet, la région Île-de-France perçoit une «taxe spéciale additionnelle» (TASARIF) depuis le 1er janvier 2015, afin de financer les dépenses d'investissement en matière de transports en commun. Son taux (non voté par le Conseil de Paris) était de 0,193% en 2023. L’Établissement public foncier d’Ile-de-France (EPFIF) en perçoit également une partie au taux de 0,211% et enfin la Société du Grand Paris (SGP) perçoit aussi une partie de cette taxe au taux de 0,176%.
Reste désormais à savoir si les Parisiens peuvent s’attendre à une nouvelle hausse de la taxe foncière d’ici à 2026, date des prochaines élections municipales. Si la mairie assure que non, l’opposition, qui pourrait succéder à Anne Hidalgo, pourrait changer la donne. En attendant, après Moody’s au printemps, une deuxième agence, Standard and Poor’s, a maintenu la bonne note de gestion financière de la Ville de Paris. Avec un principal argument : sa capacité à augmenter les impôts.