La visite du président de la République Emmanuel Macron au Maroc, à partir de ce lundi, «vise à marquer une nouvelle ambition pour les 30 ans à venir» dans la relation franco-marocaine, s'est félicité l’Élysée.
Le président de la République Emmanuel Macron débute, à partir de ce lundi 28 octobre, une visite de trois jours au Maroc, après des années de tensions avec le roi Mohammed VI. Cette visite, qui fait suite à une invitation fin septembre du souverain du royaume chérifien, «vise à marquer une nouvelle ambition pour les 30 ans à venir» dans la relation franco-marocaine, s'est félicité l’Élysée.
Les deux pays, forts d’un «partenariat enraciné et solide», ont une «volonté commune» de «raffermir les liens» qui les unissent, renchérit le cabinet royal. Un ton résolument optimiste qui tranche avec la mésentente au sommet observée trois ans durant, ponctuée par des campagnes contre la France dans les médias proches du pouvoir marocain. Politique de «l’autruche» sur le Sahara occidental, «duplicité», «tropisme algérien», «trahison et félonie»... L’ancienne puissance coloniale était alors vouée aux gémonies.
La dernière visite d’Etat d’un président français dans ce pays allié du Maghreb remonte à celle de François Hollande en avril 2013. Emmanuel Macron, qui y avait effectué une visite de travail en 2017 au tout début de son premier mandat, avant d’y retourner en 2018 pour inaugurer la ligne de train à grande vitesse Tanger-Casablanca avec le roi, boucle ainsi la boucle.
allocution devant le Parlement
Pour marquer ce temps fort, le président et son épouse Brigitte seront accompagnés d’une imposante délégation, dont les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et des Armées Sébastien Lecornu. L'avion présidentiel sera accueilli par Mohammed VI, à Rabat, vers 16h30, ce lundi. Les deux chefs d’Etat rejoindront ensuite le Palais royal à bord d’une voiture d’apparat pour un entretien en tête-à-tête suivi d’une signature d’accords (énergie, eau, éducation et sécurité intérieure).
Mardi, Emmanuel Macron rencontrera le Premier ministre, Aziz Akhannouch, le président de la Chambre des Représentants, Rachid Talbi Alami, et le président de la Chambre des Conseillers, Mohamed Ould Errachid. Dans la foulée, le président français se rendra, en compagnie de son épouse, au mausolée Mohammed V pour se recueillir sur les tombes de l'ancien souverain, selon les informations d'Atlas Info.
Le roi Mohammed VI donnera aussi un dîner d’Etat en l’honneur du président et son épouse. Le même jour, Emmanuel Macron prononcera une allocution devant le Parlement et assistera à des signatures de contrats lors d’un forum entrepreneurial.
Sahara occidental
La lutte contre l’immigration illégale, pomme de discorde entre les deux pays, et le Sahara occidental seront au coeur de la visite. Cette ex-colonie espagnole, considérée comme un «territoire non autonome» par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger. Après la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu’elle en fasse autant. En juillet dernier, Emmanuel Macron a fini par considérer que l’avenir du Sahara occidental s’inscrivait «dans le cadre de la souveraineté marocaine», ouvrant la voie à un réchauffement avec Rabat et par ricochet à une nouvelle crise avec Alger.
Mercredi 30 octobre, le président français sera attendu sur des sujets épineux : la sécurité alimentaire et l’agriculture durable en Afrique. Des étudiants venus de tout le pays seront présents. La visite présidentielle se terminera par une réception de la communauté française installée au Maroc, soit quelque 50.000 personnes.
Le Maroc, puissance régionale, a «vocation à constituer un hub entre l’Europe et l’Afrique» stratégique mais aussi en termes d’infrastructures, avec notamment un projet de connectivité électrique, a par ailleurs relevé l’Élysée. Le réchauffement franco-marocain ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises françaises, qui faisaient profil bas devant l’accumulation de contentieux.
La France est le premier investisseur étranger au Maroc avec près de 1.000 entreprises, dont la quasi-totalité du CAC 40. Mais la Chine et l’Espagne y montent aussi en gamme.