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«Le Coran, si chaleureux, c'est lui qui m'a chauffé» : l'assaillant de l'attentat d'Arras a écrit un poème de 8 pages peu après son incarcération

Dans ce même poème, Mohammed Mogouchkov est revenu sur l’assassinat de Dominique Bernard, qui incarnait, selon lui, «l’amour» de la France. [FRANCOIS LO PRESTI / AFP]

Il y a bientôt un an jour pour jour que le professeur Dominique Bernard a été tué à Arras, dans le Pas-de-Calais. Son assaillant, Mohammed Mogouchkov, a écrit un poème de huit pages peu après son incarcération, a-t-on appris ce jeudi.

Le 13 octobre 2023, Mohammed Mogouchkov, un jeune Tchétchène ayant prêté allégeance à Daesh, s’est rendu dans son ancien lycée à Arras (Pas-de-Calais) et y a poignardé l’un de ses ex-professeurs.

Il s’agissait de Dominique Bernard, 57 ans, professeur de français. Au cours de son attaque, le terroriste avait également blessé un professeur d’EPS et deux employés de l’établissement scolaire.

L’assaillant avait été interpellé puis mis en examen et placé en détention. Dans les jours qui ont suivi son incarcération, ce jeune homme, aujourd’hui âgé de 21 ans, avait écrit un poème de huit pages, consultées par l’AFP ce jeudi 10 octobre.

À travers ses rimes accusatrices, Mohammed Mogouchkov y a déversé sa «haine» à l’égard des «athés» (sic) qui, selon lui, ont «renié» la Terre et «squatté» ses «montagnes», ses «rivières», ses «palmiers».

Dans ce même poème, Mohammed Mogouchkov est revenu sur l’assassinat de Dominique Bernard, qui incarnait, d'après ses dires, «l’amour» de la France, avant de s’en prendre aux enquêteurs.

«Appelez votre imam, qu'il me déradicalise. Mdr, il aura essayé. Qu'il essaye d'éteindre, en moi, la lumière d'Allah. J'ai la lumière à tous les étages, moi, et je ne parle pas de vos lumières, écrivains, dont l'encre a assombrit (sic) le cœur de ce prof de français, Dominique Bernard, c'est lui que je visais», a-t-il écrit.

Lors de l’enquête, Mohammed Mogouchkov a répété avoir agi tout seul, en élaborant un plan «une à trois semaines» avant son passage à l’acte. Dans son poème fleuve, le terroriste affirme que «c’est Allah, c Lui Seul, qui m’a commandité. (…) Le Coran, si chaleureux, c lui qui m’a chauffé, ses pages, ses versets (sic)».

Un positionnement de «tout-puissant»

Plus encore, l’assaillant s’en prend également aux symboles de la France à travers ses lignes. «Et Marianne, qu'elle est belle ! Mais en quoi est-elle sacrée ?», écrit-il, s'indignant que «le troupeau», qui «squate» (sic) la Terre, «ose légiférer».

«La piscine et sa nudité, à l'Ecole et la SVT, des pénis en plastique nous étaient donnés, en classe, en toute mixité», ajoute-t-il.

D’après un psychologue qui l’a expertisé, Mohammed Mogouchkov baignerait dans une «revendication auto-justifiée». L’individu vivrait l’expulsion de son père, également fiché S pour radicalisation, de France en 2008 comme un «événement traumatique», qui survient «alors qu’il est scolarisé au lycée d’Arras», «lieu où il organise donc par la suite son passage à l’acte».

De manière générale, «on note aujourd'hui une revendication auto-justifiée et théorisée de ces actes», a analysé plusieurs mois plus tard le psychologue, après avoir expertisé le jeune homme, à la «tonalité vengeresse et persécutoire».

L'assaillant «pourrait tirer profit d'un suivi psychologique» mais son positionnement «tout-puissant» le rend «encore très inaccessible», a regretté cet expert.

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