En direct
A suivre

«Revenu d'émancipation jeunes» : en Meurthe-et-Moselle, les 16-25 ans vont pouvoir toucher 500 euros par mois pendant un an

En Meurthe-et-Moselle, le taux de pauvreté des jeunes de moins de 30 ans est de plus de 26% et 14% des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. [©AdriaVidal/Adobe]

Le département de la Meurthe-et-Moselle va expérimenter un «revenu d'émancipation» de 500 euros par mois pour des jeunes de 16 à 25 ans à partir du 1er octobre, après une délibération en ce sens des élus.

Après avoir reçu le feu vert de l’assemblée départementale, des élus de Meurthe-et-Moselle ont lancé une nouvelle expérimentation sur trois ans qui consiste à offrir une aide financière accessible sur critères sociaux à des jeunes ayant «peu ou pas de revenus» et n'étant pas éligibles à d'autres aides, comme celle du Crous pour les étudiants. Cette aide sera versée sur une période de six mois renouvelable une fois.

Il s’agit d’une grande première en France. Son règlement, dont le coût est estimé à un million d’euros au démarrage, a été voté ce mercredi, à la majorité, sans les voix de l'Union du centre et de la droite, qui ont voté contre. Le département s'appuiera sur des partenaires comme les associations, la mission locale ou encore la Caisse d'allocations familiales pour trouver le public éligible et instaurer «une relation de confiance». 

Une charte signée entre le jeune et le département

Concrètement, cette expérimentation prévoit d’offrir 500 euros par mois, versés sur deux périodes de six mois, à environ 300 jeunes, principalement des personnes en «rupture familiale, en situation d'errance ou en période de transition», afin de leur offrir «un levier» pour se réinsérer dans la société, avec un suivi et un accompagnement régulier de la part de professionnels. 

«Nous ciblons celles et ceux qui sont hors dispositifs, une partie de ceux qu'on appelle malheureusement les décrocheurs», a expliqué Chaynesse Khirouni, la présidente PS du Conseil départemental. Ce dispositif doit être «un levier, un soutien» pour ces jeunes, a abondé Lionel Adam, conseiller départemental en charge du projet. Le suivi est la «clé de voûte du dispositif, qui lui donne sa raison d'être», a-t-il ajouté. 

Dans ce dispositif, l’accompagnement sera «progressif» et organisé sur un premier semestre pour «rencontrer les jeunes, créer un lien de confiance» et penser un projet. Les six mois suivants devront voir la «mobilisation concrète» du bénéficiaire. Une charte sera signée entre le Département et le jeune. La collectivité devra «être à l'écoute et apporter un soutien aux démarches engagées par le jeune», quand ce dernier s'engage à «respecter les valeurs de la République et ses symboles».

14% de jeunes sans emploi, ni études, ni formation

De son côté, Anne Lassus (Union de la droite et du centre) a elle appelé à «faire attention à ne pas tarir la source» d'argent, «un bien rare», quand les finances du département sont «au plus mal», raison pour laquelle le groupe a voté contre, le coût de l'expérimentation étant estimé à environ un million d'euros. Le Département espère toutefois obtenir un soutien financier de l'État, via notamment le Fonds de solidarité. D'autres collectivités, comme l'agglomération de Lyon et le département de la Loire-Atlantique, expérimentent des dispositifs semblables.

Nicolas Duvoux, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, a salué lors de la séance «l’exemplarité» du Département notamment «dans l'innovation, la conduite des politiques sociales». Pour rappel, en Meurthe-et-Moselle, le taux de pauvreté des jeunes de moins de 30 ans est de plus de 26% et 14% des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.

En 2018, la Meurthe-et-Moselle et 17 autres départements de gauche avaient déposé une proposition de loi d'expérimentation territoriale visant à instaurer un «revenu de base» pour les jeunes de 18 à 25 ans, ce qui avait été retoqué par le gouvernement, qui a mis en place le Contrat d'engagement jeunes.

Le Département a par ailleurs lancé une expérimentation d'un projet «Territoire zéro non recours» pour toucher des personnes ne réclamant pas l'accès aux aides dont elles pourraient bénéficier, notamment. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités