Ce jeudi 12 septembre, le Secours populaire a dévoilé son baromètre annuel de la précarité auprès des Français, réalisé avec Ipsos. Avec une donnée alarmante, le «seuil de pauvreté subjectif» atteint 1.396 euros pour les sondés, à seulement 2 euros du Smic.
«Les difficultés financières des Français ne faiblissent pas». C'est le constat effectué par le Secours populaire dans son baromètre annuel de la pauvreté et de la précarité auprès des Français, en partenariat avec l'institut Ipsos. Le pouvoir d'achat, l'accès aux soins ou à l'énergie ont été fragilisés cette année, avec des niveaux jamais atteints sur certains indicateurs.
Les personnes interrogées considèrent qu'un revenu mensuel inférieur à 1 396 € correspond à une situation de pauvreté. Actuellement, le #SMIC net s'élève à 1 398 €, soit seulement 2 € de plus que ce seuil. #StopPauvreté.
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C'est le cas notamment des deux Français sur cinq qui disent avoir traversé «une période de grande fragilité financière au moins à un moment de leur vie». Une statistique au plus haut depuis un pic enregistré en 2013, selon le bilan fait par l'association sur son site internet.
La baisse de l'inflation n'est pas encore ressentie
De même, 62% des Français disent «avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître», en hausse de 4 points par rapport à l'an dernier. Les ouvriers sont les plus touchés par cet état de fait (80% d'entre eux), de même que les populations employées rurales (69%).
Les conséquences de l'inflation sont encore lourdes sur le pouvoir d'achat et la capacité des ménages à assumer les dépenses contraintes. De ce fait, les Français ont estimé le «seuil de pauvreté subjectif», soit le salaire en-dessous duquel une personne peut être considérée comme pauvre, à 1.396 euros, à seulement 2 euros du salaire minimum (Smic) net en 2024. Un nombre largement supérieur au seuil de pauvreté officiel de l'Insee, fixé à 1.158 euros.
Ainsi, les réponses des personnes sondées témoignent d'une réelle difficulté à faire face au coût de la vie quotidienne. 52% des sondés disent ne pas réussir à mettre de l'argent de côté et 16% se déclarent à découvert chaque mois (le pourcentage pratiquement doublé chez les ouvriers, à 31%). La hausse des prix de l'énergie a également eu un lourd impact sur les foyers, puisque 47% d'entre eux peinent à payer leurs factures.
Explosion des inégalités entre ruraux et citadins
Conséquence directe de cette situation, les Français négligent leur santé et leur bien être. L'institut Ipsos estime qu'un Français sur trois (32%) dit ne pas faire trois repas par jour «parfois ou régulièrement», tandis que 29% a du mal à payer une mutuelle.
L'explosion des inégalités se traduit également dans cet ensemble statistique, notamment avec la situation de plus en plus précaire des habitants de zones rurales. Plus de la moitié (57%) éprouvent de la difficulté à partir en vacances une fois par an, tandis que 40% peinent à «disposer d'équipements numériques en état de fonctionnement».
Une différenciation sociale qui est également ressentie dans l'accès au numérique, 40% des ruraux peinant à «disposer d'équipements numériques en état de fonctionnement», et aux services publics. Dès lors, 44% des ruraux estiment difficile d'accéder aux services de santé près de chez eux (34% pour l'ensemble de la population) et la proportion monte à 59% pour les transports en commun.
La sinistrose est d'ailleurs actée pour une très large majorité de la population. En effet, 79% d'entre eux estiment plus élevés «le risque que leurs enfants connaissent un jour une situation de précarité».