Son procès et celui de la cinquantaine de coaccusés est devenu une affaire nationale. Dominique Pélicot, mari de Gisèle, recrutait des inconnus sur Internet pour violer son épouse, après l'avoir droguée. Quand doit-il s'exprimer face à la cour ?
La prise de parole de Dominique Pélicot est scrutée comme un événement. Celui qui a causé l'effroi du grand public pour être accusé d'avoir drogué sa femme avant de la faire violer par des inconnus va répondre de ses actes cette semaine. Une étape très attendue, au cours d'un procès déjà riche en émotion.
Depuis lundi 2 septembre, l'attention médiatique s'est en effet concentrée sur ce procès exceptionnel, emblématique de la soumission chimique.
Et bien qu'il ait déjà livré son lot de déclarations touchantes et de révélations effroyables, le procès est loin d'être terminé et est prévu pour durer du reste jusqu'à la mi-décembre. L'un des moments les plus attendus sera donc le passage à la barre de Dominique Pélicot. Celui-ci est attendu ce mardi 10 septembre, pour répondre sur sa personnalité et les faits. Le même jour doit en outre avoir lieu la lecture des expertises informatiques.
Pour rappel, ce procès hors norme se tient publiquement, comme le souhaite la victime. A l'ouverture des débats, via son avocat, Gisèle Pélicot avait expliqué «qu'il faut que la honte change de camp».
Son ex-époux, vêtu d’un simple t-shirt noir, cheveux blancs et rasé de près, avait du reste été le premier à décliner son identité, son âge (bientôt 74 ans) et sa situation. «Mon domicile ? Vous le connaissez, c’est la prison», avait-il aussi rétorqué, d'un ton provocant. De quoi, peut-être, donner un aperçu de la suite.
Les coaccusés ne reconnaissent pas le «viol»
La première semaine de procès a d'ores-et-déjà permis de donner un aperçu de l'horreur et du calvaire subis par Gisèle Pélicot. le mardi 3 septembre a ainsi été consacré à une longue narration des faits, qui ont duré sur plusieurs années à Mazan. Le président de la cour d'Assises du Vaucluse, Roger Arata, en charge de la narration, avait en outre à Dominique Pélicot s'il reconnaissait les faits, ce à quoi l'accusé avait répondu glacialement : «oui».
Le troisième jour, le mercredi 4 septembre, a été consacré aux enquêteurs, qui ont expliqué comment ils ont mis la main sur Dominique Pélicot et comment ils ont récupéré les fichiers permettant de découvrir ces viols répétés. Près de 4.000 fichiers (photos et vidéos) ont été retrouvés et classés. Certains coaccusés refusaient alors de parler de «viol» et voulaient employer le terme «jeu libertin».
Le quatrième jour a été la journée la plus marquante du procès jusqu'ici. C'était le jour du témoignage de Gisèle Pélicot. Elle commença par rappeler qu'elle pensait que son mari était «un chic type», «un super mec».
Pour les enfants du couple, rien n'est comme avant
Puis elle raconta son choc face à cette découverte : «mon monde s'écroule, pour moi tout s'effondre, tout ce que j'ai construit en cinquante ans». Pour elle, pas de doute possible, «qu'on ne me parle pas de scènes de sexe, ce sont des scènes de viols, je n'ai jamais pratiqué le triolisme ni l'échangisme, je tiens à le dire».
Le jour suivant, l'une des filles du couple, Caroline Darian, a témoigné, indiquant ne plus appeler son père «papa» mais «géniteur», le décrivant comme «un des plus grands criminels sexuels des vingt dernières années».