Jean-Luc Mélenchon a affirmé que LFI pourrait ne pas figurer dans un gouvernement formé par le Nouveau Front populaire afin de déstabiliser le centre et la droite.
Face aux menaces de censure brandies par la majorité présidentielle et la droite en cas de participation de La France insoumise (LFI) au gouvernement, Jean-Luc Mélenchon a répliqué en envisageant la possibilité d’une non-participation des Insoumis dans l’équipe de Lucie Castets.
Alors qu’Emmanuel Macron est en plein cycle de consultations avec les chefs de partis en vue de nommer un nouveau Premier ministre, la proposition de Jean-Luc Mélenchon change la donne.
Jean-Luc Mélenchon défie le centre et la droite
Invité au journal de 13h de TF1 samedi, peu avant l'intervention de Lucie Castets lors des universités d’été des Insoumis, le triple candidat a l'élection présidentielle a pris la parole pour adresser un message clair aux dirigeants des partis macronistes et de la droite.
«Si le gouvernement de Lucie Castets n'inclut aucun ministre insoumis, vous engagez-vous à ne pas voter la censure et à lui permettre de mettre en œuvre le programme pour lequel nous avons remporté les élections législatives ?» a-t-il interrogé, posant ainsi une question cruciale pour la suite des événements.
Il a ajouté que, si la réponse était négative, cela prouverait que le refus de la droite et des macronistes ne concerne pas la présence de LFI au gouvernement, mais bien le programme du Nouveau Front Populaire (NFP).
Une proposition vivement commentée au sein du NFP
Cette évolution a été immédiatement commentée par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, qui a salué une ouverture stratégique. Selon lui, «le prétexte de la présence de ministres insoumis n’est plus valable, et il appartient maintenant aux opposants au NFP de se positionner face à cette nouvelle donne».
Du côté des écologistes, Marine Tondelier a également réagi en soulignant que la déclaration de Mélenchon met la majorité présidentielle devant ses responsabilités. «Nous attendons avec impatience la réponse des dirigeants de Renaissance, Horizons et Modem», a-t-elle déclaré à l’AFP.
LFI tente son va-tout pour éviter son isolement
Cette réorientation stratégique n’est pas seulement un jeu politique. Jusqu’à présent, les cadres de LFI avaient rejeté l’idée de ne pas participer au gouvernement. Le parti avait même appelé à destituer Emmanuel Macron, mais cet appel fut raillé par l'ensemble de la classe politique.
Vendredi matin, Lucie Castets, reçue à l'Élysée avec les représentants du NFP, avait réitéré son souhait d’inclure des ministres insoumis dans son gouvernement, soulignant l’importance de leur présence en raison de leur poids au sein de cette alliance.
Fabien Roussel, leader du Parti communiste français (PCF), a exprimé sa solidarité avec LFI en dénonçant les arguments avancés pour écarter les Insoumis du gouvernement. «Hier, c’était parce que nous étions communistes. Aujourd’hui, c’est parce que nous sommes insoumis. Demain, ce sera parce que nous serons écologistes. En réalité, ils ne veulent pas de changement», a-t-il déclaré lors des universités d’été du PCF.
Un «coup de poker» salvateur pour LFI?
Toutefois, vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon et ses proches ont discuté sérieusement de cette option de non-participation. Un partenaire de LFI s'est réjoui auprès de l'AFP de «ce beau coup de poker» qui permettrait à Jean-Luc Mélenchon et à son mouvement de conserver une certaine marge de manœuvre politique, en dégageant leur responsabilité en cas d'échec du gouvernement Castets sans leur participation.
La perspective de voir des ministres insoumis au gouvernement reste une ligne rouge pour la majorité présidentielle, la droite, et l’extrême droite. Même le groupe centriste Liot a qualifié LFI de «point de blocage».