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Élections législatives 2024 : que pourraient changer les 218 désistements de députés pour le second tour ?

Si 76 candidats ont été élus dès le premier tour, il reste 501 députés à élire au second. [Reuters]

Alors que les candidats avaient jusqu’à ce mardi 18h pour déposer leur candidature pour le second tour des législatives, au moins 218 d’entre eux ont fait le choix du désistement pour participer au «front républicain» contre le Rassemblement national. Selon nos calculs, il devrait rester moins d’une centaine de triangulaires.

Une majorité de duels entre le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP), et moins d’une centaine de triangulaires : voici le tableau final du second tour des élections législatives qui se tiendra ce dimanche 7 juillet. Un constat qui se base sur le désistement d'au moins 218 candidats arrivés en troisième position au premier tour, répondant pour la plupart à l’appel de la gauche pour un «front républicain» contre le Rassemblement national. Dans ces conditions, le RN pourrait n’obtenir qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale

Une majorité relative pour le RN ? 

C’était un record historique : 306 triangulaires et 5 quadrangulaires étaient envisageables à l’issue du premier tour. Dans près de la moitié d’entre elles, c’est le Nouveau Front populaire qui est arrivé en troisième position. Dans ce cas de figure, 130 candidats de gauche ont annoncé leur retrait dans la perspective de faire barrage au RN et ses alliés lors du second tour.

Du côté de la coalition présidentielle, en revanche, les consignes à géométrie variable ont engendré des positions mouvantes dans la centaine de circonscriptions concernée. Au total, 82 candidats issus de la majorité ont fait part publiquement de leur désistement ce mardi. Deux candidats LR et une ultramarine sans étiquette se sont également désistés. 

Du côté du Rassemblement national et de ses alliés, le parti de Jordan Bardella a choisi de maintenir tous ses candidats, y compris ses 66 candidats arrivés en troisième position, quitte à faire gagner le NFP dans les triangulaires où l’alliance de gauche dispose d’un candidat en tête. Malgré cette consigne, deux candidats se sont désistés.

Par ailleurs, une candidate arrivée en deuxième position a annoncé son retrait de son propre chef peu après le premier tour. Il s’agit de Hella Kribi-Romdhane (NFP) dans la 6e circonscription de l’Essonne. Autre fait marquant : après avoir un temps communiqué sur son retrait, Gilles Bourdouleix (LR-Ciotti), a finalement indiqué avoir bluffé et qu'il se maintenait dans la 5e circonscription du Maine-et-Loire, afin de faire perdre la candidate du NFP.

Des projections à prendre avec précaution

Si 76 candidats ont été élus dès le premier tour, il reste 501 députés à élire au second. Au total, selon un décompte de l’AFP effectué à partir des déclarations ou communiqués de candidats, on dénombre donc au moins 218 désistements. Selon ces nouvelles données, il resterait donc 95 triangulaires, 2 quadrangulaires et 404 duels pour le second tour des législatives. De fait, les projections en sièges à l’Assemblée nationale devraient donc être affinées, même si elles restent à prendre avec précaution.

En ce sens, selon nos calculs, si l'on se base sur la dernière projection OpinionWay pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, ajustée avec les nouveaux paramètres : une participation similaire au premier tour, un respect des équilibres dans le cas de candidats «largement en tête», et les reports potentiels de voix dans les circonscriptions «serrées», le Rassemblement national obtiendrait «seulement» une majorité relative avec entre 250 et 265 sièges, tandis que le Nouveau Front populaire obtiendrait entre 160 et 175 députés. La coalition présidentielle obtiendrait pour sa part entre 95 et 105 sièges, les Républicains une trentaine.

Des circonscriptions très indécises 

Si ces chiffres sont à prendre avec précaution, c’est notamment parce qu’en plus du taux de participation, qui pourrait modifier la donne, un certain nombre de scrutins apparaissent encore très indécis. C’est le cas pour Gérald Darmanin (36,03%), dans le Nord, qui devance d’une courte tête le candidat du RN (34,31%), mais qui peut compter sur le désistement de la candidate du NFP, arrivée en troisième position. C’est aussi le cas pour Marc Fesneau, dans le Loir-et-Cher, ou encore Guillaume Kasbarian, dans l’Eure-et-Loir, qui sont au coude-à-coude avec leurs adversaires du RN, mais qui peuvent eux aussi compter sur les désistements des candidats du NFP. 

Dans le Calvados, Elisabeth Borne est en ballotage défavorable (28,93%) derrière le candidat du RN (36,26%), mais bénéficie du désistement du candidat NFP-LFI (23,16%). Dans l’Isère, Olivier Véran fait également face à une situation difficile. En ballottage défavorable avec 33,62% des voix contre 40,19% pour le candidat du NFP, l’ex-ministre devra se dépêtrer d’une triangulaire puisque le candidat LR-RN Alexandre Lacroix est parvenu à se qualifier pour le second tour avec 18,34% des suffrages. Situation comparable avec un triangulaire pour Aurélien Rousseau, dans les Yvelines, en tête (34,68%) devant ses adversaires Renaissance (29,32%) et des Républicains (25,79%).

Parmi les autres circonscriptions indécises, on retrouve la 2e circonscription de l’Eure-et-Loir, où Olivier Marleix, élu depuis 2012, est en grande difficulté (25,93%) face au candidat du RN (38,92%), même s’il devrait bénéficier du retrait de la candidate du NFP, arrivée en troisième position à seulement 147 voix près du ténor des Républicains. Dans l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan devrait faire face à l’une des triangulaires les plus serrées, tandis que la soeur aînée de Marine Le Pen, Marie-Caroline, pourrait intégrer l’Assemblée avec 39,29% des suffrages dans la Sarthe, devant la candidate du NFP qui sera aidée par le désistement de celle de la majorité. 

À gauche, François Hollande fera face à une triangulaire dans son fief de Corrèze puisqu’il est arrivé en tête avec 37,63% des suffrages, mais que le Républicain Francis Dubois (28,64%) a refusé de se retirer, au risque de faire élire la candidate du RN arrivée en deuxième position (30,89%). Situation également difficile pour François Ruffin, dans la Somme, qui voit sa réélection compromise après sa deuxième place (33,92%) loin derrière la candidate du RN (40,69%). Arrivée en troisième position avec 22,68% des voix, la candidate Ensemble, Albane Branlant, a néanmoins été l’une des premières à annoncer son désistement au profit d’un «front républicain». 

Vers une assemblée plurielle ? 

Pour la première fois depuis la 2e Guerre mondiale, la droite nationaliste pourrait donc gouverner la France, et peu d'options s'offrent aux autres forces politiques pour l'en empêcher. Toutefois, Jordan Bardella a déjà fait savoir qu'il refuserait le poste de Premier ministre s'il ne disposait pas d'une majorité absolue, soit 289 députés. Mais, si le RN s'en approche, avec «par exemple 270 députés», Marine Le Pen a indiqué qu'elle chercherait à attirer «des députés par exemple divers droite, divers gauche, LR, qui ont exprimé par le passé une proximité» avec son parti.

Si le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains Républicains pourraient essayer de former une «grande coalition», courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions politiques françaises. Gabriel Attal a ainsi souhaité que sorte des urnes une «Assemblée plurielle», le LR Xavier Bertrand évoquant de son côté un «gouvernement de sursaut national».

«Beaucoup de ceux qui hier étaient de manière acharnée dans l'opposition réfléchissent», a également assuré François Bayrou. Mais Manuel Bompard a exclu que LFI participe à une telle coalition. «Les Insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme mais tout le programme», a-t-il affirmé.

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