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De la prison ferme requise pour «Jojo le roi du loto», soupçonné d'avoir détourné 1,5 million d’euros au préjudice d’associations

«L’esprit de la loi, c'est deux à trois lotos par an, là on est à deux-trois par semaine», a pointé Perrine Lannelongue, du ministère public. [LOIC VENANCE / AFP]

Un organisateur de loto girondin et sa compagne, soupçonnés d'avoir détourné un million et demi d'euros de gains, pourraient écoper de trente mois d'emprisonnement, dont 18 avec sursis selon les réquisitions du tribunal correctionnel de Bordeaux.

Une réquisition à la hauteur des faits prononcés. Jonathan L., dit «Jojo le roi du loto» et sa compagne Céline M. étaient poursuivis notamment pour «escroquerie, blanchiment et abus de confiance en bande organisée», mais également pour «fraude fiscale», «travail dissimulé», ainsi que diverses infractions à la législation de jeux d'argent et de hasard. Avec sa concubine, ils pourraient se voir infliger une peine de 30 mois d'emprisonnement dont 18 avec sursis.

L'animateur de 33 ans, dont la solide réputation attirait une «communauté» de plusieurs centaines de joueurs à chaque événement, a reconnu les faits à la barre : «Il y a eu l'appât du gain (...) je le faisais au plus près de la légalité». «Dernièrement on avait des lots assez importants», a raconté le prévenu à la barre du tribunal correctionnel de Bordeaux ce lundi 24 juin. «Des lots de 100.000 euros ?» le questionne le président Cyril Vidalie. «Non, des bons d'achat de 5.000, 10.000 euros, une Audi A1», a rétorqué «Jojo».

«préjudice d'image»

En France, l'organisation de lotos n'est autorisée que dans le cadre d'actions caritatives et dans un cercle restreint. À la mort de son père, il avait commencé à en organiser afin de récolter des dons à l'attention de l'Institut Bergonié, le centre régional de lutte contre le cancer basé à Bordeaux, et d'une association appartenant à un chef de service du CHU Pellegrin de Bordeaux. Leur conseil a déploré un «préjudice d'image».

Sa «passion» s'est muée en véritable «business», notamment depuis le Covid avec l'organisation de lotos en ligne sur la plateforme Twitch, a expliqué l'accusé à la barre. Avec pas moins de 500 lotos organisés depuis 2013 dans le département de la Gironde, environ 1,5 million d'euros, sur les plus de quatre millions d'euros de recettes, auraient finalement atterri sur les comptes personnels du couple.

«L’esprit de la loi, c'est deux à trois lotos par an, là on est à deux-trois par semaine», a pointé Perrine Lannelongue, du ministère public. «On est loin du loto de l'école ou du club de foot», a-t-elle dénoncé. «Il n'y a aucune réglementation» pour les prestataires, ont justifié leurs conseils, Mes Arnaud Dupin et Louise Durin. Et de pointer «une peine disproportionnée» pour un couple «modeste», «sans patrimoine». 

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a mis son jugement en délibéré et rendra sa décision le 9 août prochain.

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