Dans le cadre de la campagne éclair des élections législatives anticipées, la question du pouvoir d’achat occupe une place prépondérante du programme des principales forces politiques du pays. Voici ce que proposent la coalititon Ensemble, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national.
Alors que le nombre de travailleurs rémunérés au salaire minimum a bondi de près de 50% en deux ans, le pouvoir d’achat et le niveau de rémunération des salariés constituent un thème incontournable pour les principales formations politiques, avec des divergences idéologiques quant aux mesures à adopter. Tandis que la gauche et l’extrême droite prévoient d’augmenter les salaires et de bloquer les prix sur les produits de première nécessité, la coalition présidentielle mise plutôt sur une baisse des cotisations sociales et sur des mesures spécifiques.
Ensemble (majorité présidentielle)
Gabriel Attal a dévoilé les premières mesures que la majorité présidentielle va défendre pendant la campagne des législatives, avec une grande priorité : renforcer le pouvoir d'achat des Français de la classe moyenne. Pour cela, la coalition présidentielle envisage d'augmenter le montant de la prime dite «Macron». «Pour continuer à rémunérer le travail, nous permettrons aux entreprises d'augmenter jusqu'à 10.000 euros par an, sans charge ni impôt, le montant de la prime de pouvoir d'achat qu'elles ont versé l'an passé à 6 millions de salariés», a expliqué le Premier ministre.
Sur les salaires, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait annoncé son intention d’augmenter les salaires nets des Français en transférant les cotisations sociales des salariés vers la TVA. En mettant en place un dispositif de TVA sociale, qui consiste à diminuer les cotisations patronales (et éventuellement salariales) et à augmenter le taux de TVA (taux réduit et/ou taux normal) en affectant au budget de la Sécurité sociale les recettes fiscales correspondantes, Bruno Le Maire promet d'augmenter le salaire des Français. Pour cela, le ministre compte néanmoins sur les entreprises, qui devront jouer le jeu en ne répercutant pas ce gain autrement.
Enfin, Gabriel Attal a confirmé une baisse des factures d'électricité de 15% «dès l'hiver prochain», ce qui représentera «200 euros de moins» sur la facture de chaque Français, «grâce à la réforme du marché européen de l'électricité». Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'était déjà engagé à ce que la facture d'électricité des Français baisse de 10 à 15% en février 2025 grâce notamment à la production nucléaire.
En cas de victoire de la majorité aux législatives, d’autres mesures viendraient par ailleurs renforcer le pouvoir d’achat des Français, comme la possibilité d’obtenir «des achats groupés» de fournitures scolaires pour en baisser le prix jusqu'à 15%, ou encore le doublement des véhicules électriques en leasing social (pour environ 100 euros par mois), mais aussi l’exonération des frais de notaire, jusqu'à 250.000 euros, «pour les Français de classes moyennes qui souhaitent accéder pour la première fois à la propriété».
Le Nouveau Front populaire
Le pouvoir d’achat est également la grande priorité du programme du Nouveau Front populaire pour les législatives anticipées. Après la vague inflationniste des deux dernières années, le Nouveau Front populaire propose plusieurs mesures pour redonner du pouvoir d’achat et enrayer la flambée des factures d’énergie. L’alliance de gauche envisage notamment d’annuler la nouvelle hausse de 10% des prix de l’électricité intervenue le 1er février, ainsi que la hausse de 11,7 % des prix du gaz prévue le 1er juillet prochain. Les prix des biens de première nécessité seront également bloqués, par décret, dans l’alimentation, l’énergie et les carburants.
Côté salaires, la gauche unie promet un SMIC à 1.600 euros net ainsi que la revalorisation immédiate de 10% du point d’indice pour les fonctionnaires, avec une compensation intégrale pour les collectivités territoriales. Les nouvelles recrues des entreprises, qu’elles soient stagiaires, apprenties ou alternantes, auraient aussi droit à une meilleure rémunération. Une «grande conférence sociale sur les salaires, l’emploi et la qualification» suivrait dans les 100 premiers jours et, dans le même laps de temps, l’ensemble des salaires seraient indexés sur l’inflation.
Pour répondre à «l’urgence sociale», le Nouveau Front populaire promet aussi de remettre en place les mesures détricotées par le gouvernement pendant les sept ans d’Emmanuel Macron au pouvoir. L’alliance entend notamment «annuler» la réforme du RSA, revaloriser certaines allocations (dont +10% pour les APL), et mettre en place une garantie d’autonomie qui viendra compléter les «revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté» et qui sera accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel.
D’autres mesures viendront également redonner du pouvoir d’achat aux Français, comme l’augmentation du minimum contributif au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté, le passage de 5 à 14 tranches de l’impôt sur le revenu, la revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) au niveau du SMIC, le plafonnement des frais bancaires, l’encadrement des loyers de manière obligatoire dans les zones tendues ainsi que des prix du foncier, ou encore l’ouverture du prêt à taux zéro à tous les ménages primo-accédants sans distinction géographique ou entre neuf ou ancien.
le Rassemblement national
La première des huit mesures principales du programme de Jordan Bardella pour les législatives anticipées concerne également le pouvoir d’achat des Français. Comme il l’a déjà esquissé ces derniers jours, son premier acte serait donc la baisse de la TVA à 5,5% sur les énergies (électricité, gaz, fioul) et le carburant. Il entend le faire dans le cadre d’un projet de loi de finances rectificatif (PLFR) en sollicitant du président de la République la tenue d’une session parlementaire extraordinaire dès cet été pendant les Jeux olympiques.
Pour financer cette baisse, le candidat du Rassemblement national veut mettre fin à certaines niches fiscales, notamment celles sur les armateurs, et abaisser de 2 milliards d’euros, dès cet été, la contribution de la France au budget de l’UE. Face au coût de cette mesure, Jordan Bardella étudie d’autres possibilités d’économies dans «les mauvaises dépenses de l’État», en lançant notamment un audit indépendant des comptes publics. Il veut aussi engager «immédiatement» des négociations avec la Commission européenne pour déroger aux règles européennes de tarification de l’électricité, sur le modèle espagnol. Ce qui permettrait de «baisser de 30% les factures».
Par ailleurs, le Rassemblement national entend permettre aux entreprises d’engager une hausse des salaires de 10% (jusqu’à trois SMIC) en exonérant cette augmentation de cotisations patronales, mais aussi éxonérer d’impôt sur le revenu tous les jeunes actifs jusqu’à 30 ans pour qu’ils restent en France, ou encore supprimer l’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins de 30 ans pendant les cinq premières années, pour éviter leur départ à l’étranger. Le programme de Jordan Bardella prévoit également de renationaliser les autoroutes pour baisser de 15% le prix des péages.
Enfin, le Rassemblement national prévoit d’organiser à l’automne une conférence sociale avec les partenaires sociaux pour évoquer le «niveau des salaires».