Alors que les professionnels du secteur appellent à se rassembler ce mercredi devant le ministère de la Santé à Paris pour lutter contre les violences sexuelles, des associations se soulèvent contre cet étudiant en médecine jugé à cinq ans de prison avec sursis pour ce type de faits.
«Tout le monde s’offusque de la présence d’un agresseur sexuel sur les bancs d’une fac de médecine. Personne ne fait rien», a écrit le compte Emma Auclert sur Instagram le 19 mai dernier. Tandis que ce collectif appelle à manifester ce mercredi 29 mai devant le ministère de la Santé à Paris pour lutter contre les violences sexuelles, les associations ne décolèrent pas.
«Pourquoi les doyens et présidents d’universités à Tours et à Limoges, ne mettent pas tout en œuvre pour protéger leurs étudiants, comme leurs prérogatives les y obligent ?», a interpellé le collectif sur les réseaux sociaux. Une référence directe à l’affaire qui vise un étudiant en médecine autorisé à poursuivre ses études après avoir été condamné en mars dernier à cinq ans de prison avec sursis pour des agressions sexuelles commises en 2017, 2018 et 2020 sur deux anciennes camarades.
L'homme en question se destine à une carrière de radiologue. Inscrit en sixième année de médecine, ce dernier est sur le point de passer les épreuves ECOS (Examens Cliniques Objectifs et Structurés), lui permettant d’accéder à l’internat. «Après le concours, il prendra ses fonctions d'interne à la rentrée 2024. Il aura alors le statut de médecin et pourra, sous la responsabilité d'un sénior à l'hôpital, recevoir seul des patient.e.s en consultation» a indiqué un tract appelant à la mobilisation.
«Tolérance zéro» ?
En décembre 2023, le prévenu avait déjà écopé d’une peine de quatre mois de prison avec sursis, pour une première agression sexuelle commise en 2013. «Pourquoi personne ne demande aux étudiants en médecine et pharmacie leur avis sur le fait de côtoyer un prédateur sexuel multirécidiviste qui a admis avoir agressé ses camarades de promo ?», a poursuivi le compte Emma Auclert.
De son côté, la présidente de l'université de Limoges Isabelle Klock-Fontanille avait affirmé fin avril sur les ondes de France Bleu, qu’une «tolérance zéro» était appliquée sur les questions des violences sexistes et sexuelles. «Je sais que c'est une inquiétude de dire qu'on va laisser traîner, mais c'est le respect des procédures, des délais qui fera que ça ira jusqu'au bout et qu'il n'y aura pas de vice de forme», avait-elle précisé.
Mi-mai, une commission de discipline de l'Université a été saisie afin de juger «si le comportement de cet étudiant, des faits, des actions qu'il a pu commettre ou pas à l'université de Limoges, sont susceptibles de sanctions». C’est dans ce contexte que la présidente de l'Université de Limoges a expliqué ne pas pouvoir empêcher l’étudiant de continuer son cursus même si elle est en mesure de lui interdire l’accès aux bâtiments du campus «pour troubles à l'ordre public par exemple, mais là, il n'y a pas de raison, pour le moment.»
Les promesses du gouvernement
Frédéric Valletoux, le ministre délégué en charge de la Santé a ainsi promis «des propositions concrètes d'ici à quelques semaines pour tourner la page de cette triste période». Elles s’appliqueront à l'hôpital et dans tout le secteur de la santé.
Alors que les professionnels du milieu se rassembleront ce mercredi 29 mai, cet appel à manifester s’inscrit dans la lignée des révélations de Karine Lacombe, infectiologue, qui accusait l’urgentiste Patrick Pelloux de «harcèlement sexuel et moral». Son témoignage avait entraîné une vague de soutien et de libération de la parole d’autres victimes via le #Metoohôpital.