Selon un sondage de l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, publié ce jeudi 23 mai, 76% des Français sont favorables à l'idée d'abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans pour faire face à la délinquance des plus jeunes.
Faut-il être plus répressif avec les mineurs qui ne respectent pas la loi ? Plus des trois quarts des Français (76%) interrogés dans le cadre d'un sondage de l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD sont favorables à l’idée d’abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans pour faire face à la délinquance des plus jeunes.
A l’inverse, 21% des personnes interrogées y sont opposées lorsque 3% du panel * ne s'est pas prononcé sur la question.
Cette problématique est revenue dans l'actualité de ces dernières semaines en raison de la multiplication des faits de violence graves impliquant des mineurs.
Au cours du mois dernier, deux jeunes de 14 et 15 ans ont, par exemple, été mis en examen pour l’agression mortelle de Philippe, 22 ans, à Grande-Synthe (Nord) et cinq personnes, dont quatre mineurs, devront également répondre de leurs actes devant la justice pour avoir battu à mort Shemseddine, 15 ans, devant son collège de Viry-Châtillon (Essonne).
Dans le détail, plus des trois quarts des sondés âgés d’au moins 25 ans sont en accord avec l'idée de réduire la majorité pénale à 16 ans alors que «seulement» 65% des 18-24 ans partagent cet avis. Considérant le genre, les hommes (76%) et les femmes (75%) ont aussi un avis largement positif sur la question. Les catégories socio-professionnelles supérieures (CSP+) et celles moins favorisées (CSP-) partagent aussi cette position (74% pour les deux segments).
A gauche de l’échiquier politique, les positions sur la question sont proches puisque 61% des sympathisants LFI se déclarent favorables à cette mesure, contre 63% des soutiens PS et 65% des personnes proches des idées d’Europe Ecologie-Les Verts.
Il faut cependant noter que les sympathisants Renaissance sont plus enclins (85%) que ceux de LR (83%) à répondre «oui» à la question : «Afin de faire à la délinquance des plus jeunes, faut-il abaisser l'âge de la majorité pénale à 16 ans ?». Enfin, les Français proches du RN sont en totale adéquation (92%) avec cette proposition.
Une mesure plébiscitée à droite de l’échiquier politique
Favorable à plus de fermeté dans ce domaine, le président des Républicains, Eric Ciotti, a proposé un «choc d'autorité et de sévérité» via un plan comportant 25 mesures lors d’un entretien accordé au JDD le 4 mai. Ce plan reprend l’idée proposée dans ce sondage, à savoir l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, ainsi que la suppression de l'excuse de minorité.
Ces deux propositions ont été reprises par Jordan Bardella, le chef de file du RN aux prochaines élections européennes, lors d’une interview accordée à CNEWS ce lundi 20 mai.
«Il faut mettre fin à l’excuse de minorité et il faut abaisser la majorité pénale à 16 ans. Je souhaite qu’on développe des centres éducatifs fermés pour les mineurs sur le modèle des pays nordiques. En Hollande, ils ont des taux de récidive qui sont bien moindres que les taux français car ils sanctionnent immédiatement avec des mesures privatives de liberté et des peines très courtes», a assuré le successeur de Marine Le Pen au poste de président du Rassemblement national.
des travaux d’intérêt général à l'étude
A l’occasion d’un déplacement à Nice (Alpes-Maritimes) le 22 avril dernier, le Premier ministre Gabriel Attal a souligné la mise en place prochaine d’une mesure gouvernementale visant à lutter contre la délinquance des mineurs. Il a rappelé que le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, allait signer un texte visant à instaurer «l’équivalent des travaux d’intérêt général pour les mineurs, les moins de 16 ans».
Ce dernier «permettra l’entrée en vigueur de ces mesures éducatives dès la rentrée des vacances. Ces nouveaux dispositifs, ces nouvelles sanctions prendront une forme de principe, une forme de mantra que j’assume. Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter», a encore martelé le Premier ministre.
* Sondage réalisé les 21 et 22 mai par questionnaire auto-administré en ligne sur un échantillon national représentatif de 1.013 personnes âgées de plus de 18 ans.