Trois hauts responsables syriens passent devant la cour d’assises de Paris à compter de ce mardi et pour toute la semaine pour leur implication dans l’affaire dite Dabbagh. Concrètement, ces derniers sont poursuivis pour complicité de crimes contre l’humanité et délit de guerre.
Ali Mamlouk, Jamil Hassan et Abdel Salam Mahmoud sont jugés dès ce mardi devant la cour d’assises de Paris. Il s’agit du premier procès en France de dignitaires du régime de Bachar al-Assad. Ces trois hauts responsables syriens sont accusés de complicité de crime contre l’humanité et de délit de guerre.
Ces derniers sont en autre soupçonnés d’avoir participé aux attaques chimiques, qui avaient coûté la vie à plus de 1.000 personnes dans la Ghouta orientale en août 2013 et pour leur implication dans l’affaire Dabbagh.
Pour rappel, le régime de Bachar al-Assad avait été mis en cause dans la mort de Mazzen Dabbagh et de son fils Patrick. Ces deux Franco-Syriens avaient été arrêtés, détenus à l’aéroport de Mezzeh (Damas) et torturés, par des agents du renseignement de l’armée de l’air syrienne, l’un des quatre principaux services de renseignement du pays en novembre 2013.
Torture et répression
Ainsi, Ali Mamlouk, ancien chef du Bureau de la sécurité nationale, la plus haute instance de renseignement en Syrie, Jamil Hassan, ancien directeur des puissants services de renseignements de l'armée de l'Air et Abdel Salam Mahmoud, ancien directeur de la branche investigation de ces services, seront jugés par défaut, c’est-à-dire par trois magistrats professionnels sans la présence de jurés.
Considéré comme le numéro deux du régime à l’époque et proche conseiller de Bachar al-Assad, Ali Mamlouk a travaillé comme directeur des services de l'armée de l'air entre 2003 et 2005, puis s’est vu confié la mission de renouer des liens avec les pays étrangers. Il est l’un des premiers dignitaires syriens à avoir été sanctionné par la communauté internationale pour avoir organisé la répression, après les manifestations de Deraa en mars 2011.
À la tête des services de renseignements de l'armée de l'Air pendant dix ans (jusqu’en 2019), Jamil Hassan a fait de son côté l’objet de poursuites internationales – en France et Allemagne – qui l’accusent d’avoir perpétré des actes de torture.
Enfin, Abdel Salam Mahmoud dirigeait la prison de Mezzeh où Mazzen Dabbagh et son fils étaient retenus. D’après les organisations de défense des droits humains syriennes, il aurait diligenté les interrogatoires et les séances de torture dans l’établissement pénitentiaire.
Un procès filmé
Afin de conserver ce procès dans les archives de la justice, l’audience des trois dignitaires sera filmée et retransmise sur les réseaux sociaux de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM).
Vous pourrez suivre l'intégralité du procès à partir du 21 mai sur les réseaux sociaux de la @fidh_fr et @SyrianCenter. Le verdict sera rendu dès le 24 mai. Pour en savoir plus https://t.co/tNEuD9sWFo pic.twitter.com/MpPXd1ti0Z
— FIDH (@fidh_fr) May 17, 2024
Le verdict sera rendu le vendredi 24 mai. Selon le nouveau procureur antiterroriste français Olivier Christen qui s’est confié dans une interview accordée à l’AFP, les accusés ne seront pas présents au procès. «Ce ne sont pas des gens qui se sont sauvés en cours de route, ils n'ont jamais été entendus et n'ont jamais participé à la procédure», a-t-il précisé.
«On a tendance à oublier que les crimes du régime sont encore commis aujourd'hui (...) qu’il ne faut en aucun cas normaliser les relations avec le régime de Bachar al-Assad», a de son côté rappelé l’avocate Clémence Bectarte, à l’agence de presse.