Le graffeur Lekto était jugé en appel, ce mardi 7 mai, pour avoir peint à Avignon (Vaucluse) une fresque à caractère antisémite représentant Emmanuel Macron en marionnette manipulée par Jacques Attali. La cour d'appel de Nîmes a confirmé la relaxe prononcée en première instance à Avignon.
La cour d'appel de Nîmes a confirmé, ce mardi 7 mai, la relaxe prononcée à Avignon d'un graffeur ayant représenté l'économiste Jacques Attali en marionnettiste manipulant un président Emmanuel Macron-Pinocchio, écartant le caractère antisémite pour laquelle l’œuvre était visée. La relaxe prononcée en novembre par le tribunal correctionnel et contre laquelle le parquet avait fait appel est «confirmée dans toutes ses dispositions», a indiqué l'arrêt de la cour d'appel.
Connu sous le nom de Lekto, ce graffeur âgé d'une trentaine d'années avait réalisé cette peinture murale en juin 2022 sur un transformateur électrique à l'entrée d'Avignon. Selon plusieurs associations antiracistes, la peinture reprenait l'iconographie antisémite de l'entre-deux-guerres. Elle avait été effacée 72 heures après, à l'initiative de la préfecture et de la communauté d'agglomération. Son auteur avait ensuite fait l'objet de poursuites à l'initiative du parquet et sur citation directe de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
«Tourner en dérision ceux qui ont du pouvoir»
Il devait répondre «d'injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion» et de «provocation à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion». En première instance, il avait expliqué aimer «tourner en dérision ceux qui ont du pouvoir» et nié toute intention antisémite, affirmant avoir ignoré que Jacques Attali était juif.
Le tribunal correctionnel l'avait relaxé sur toute la ligne, alors que le parquet avait requis contre lui 6.000 euros d'amende, dont 2.000 euros avec sursis. Le tribunal avait estimé «qu'aucun élément (...) ne permet d'affirmer avec une absolue certitude que l'utilisation (par le prévenu) d'une image de marionnette à fil, dont l'usage dépasse largement la seule utilisation à des fins racistes, ait été conduite par un sentiment antisémite».
Le juge avait également affirmé que la fresque «ne contenait aucun appel ou exhortation, même implicitement formulé, à la discrimination, à la haine ou à la violence». L'avocat de SOS-Racisme avait à l'époque regretté que le tribunal n'ait pas regardé «comme un ensemble» les éléments iconographiques, alors que le «débat portait précisément» sur «l'accumulation de symboles à caractère insidieusement antisémite».