Le journaliste et ancien président de l’académie Goncourt est décédé ce lundi 6 mai à l’âge de 89 ans. Reconnu pour avoir animé l’émission littéraire la plus célèbre de France, «Apostrophes», ce dernier n’avait pas souhaité porter le fameux ruban rouge.
Il n’en voulait pas. Ce lundi 6 mai, Bernard Pivot s’est éteint à l’âge de 89 ans. Journaliste incontournable, ce dernier était principalement reconnu pour avoir animé l’émission littéraire «Apostrophes», et pour avoir présidé l’académie Goncourt.
En 1992, le nom de ce visage phare de la télévision française est apparu au Journal officiel afin d’être décoré de la Légion d’honneur. S’il s’apprêtait à rejoindre ce cercle très restreint, Bernard Pivot a préféré refuser la plus haute distinction française.
«C'est une prime à la notoriété et je n'ai pas envie de me retrouver avec mon petit ruban rouge devant des gens que j'admire et dont je sais qu'ils le mériteraient beaucoup plus que moi», déclarait-il l’année de sa consécration dans les pages de Libération.
«Et, seconde raison, j'ai toujours pensé qu'un journaliste en activité ne doit pas l'accepter. Il se trouve que la gauche me l'a offerte, puis la droite, puis la gauche, et il me semble que si j'acceptais je serais un petit peu moins libre», avait-il ajouté.
À la Légion d’honneur, à la haie d’honneur, à la garde d’honneur, au champ d’honneur, à la place d’honneur, je préfère le vin d’honneur.
— bernard pivot (@bernardpivot1) April 28, 2019
«Je préfère le vin d’honneur»
Quelques années plus tard, l’homme de lettres a réaffirmé son opposition à la fameuse récompense sur Twitter (devenu X). «À la Légion d’honneur, à la haie d’honneur, à la garde d’honneur, au champ d’honneur, à la place d’honneur, je préfère le vin d’honneur», avait-t-il écrit en 2019.
En 2004, Bernard Pivot est devenu le premier non-écrivain élu membre de l’Académie Goncourt. Féru d’orthographe et défenseur de la langue française, il a été reçu trois ans plus tôt en tant que chevalier de l’Ordre national du Québec «en reconnaissance de sa contribution au rayonnement des écrivains québécois en France».
Pourtant, à l’image de Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, l'Abbé Pierre, Bourvil ou encore Brigitte Bardot, il a refusé la légion d’honneur. Pour lui, elle devait avant tout «pouvoir permettre de reconnaître le mérite d’une personne qui travaille au maintien de la langue française. Si la France n’est plus capable de gratifier les personnes qui défendent ses valeurs, elle devrait pouvoir au moins les mettre à l’honneur.»