Ce jeudi 2 mai, le gouvernement doit présenter un nouveau plan national de lutte contre la prostitution. Celle des mineurs, en hausse, sera l'une des préoccupations majeures.
Huit ans après la loi prostitution, qui avait entériné la pénalisation des clients, le gouvernement se penche à nouveau sur le sujet, ce jeudi 2 mai. Un plan national de lutte doit être présenté par Aurore Bergé, ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Selon l'entourage de cette dernière, l'objectif est de «renforcer l'application de la loi de 2016», mais aussi de «s'adapter aux nouvelles formes de prostitution, notamment numérique». Une attention toute particulière doit aussi être portée à la question de la prostitution des mineurs, qui a pris de l'ampleur ces dernières années.
Ce nouveau plan intervient alors que le bilan de la loi de 2016 est jugé en demi-teinte. Pour rappel, celle-ci avait abrogé le délit de racolage, pour le remplacer par la pénalisation des clients. Ces derniers sont désormais passibles d'une amende de 1.500 euros, pouvant aller jusqu'à 3.750 euros en cas de récidive, parfois complétée par un stage de sensibilisation. Le texte avait également introduit un parcours de sortie de la prostitution.
Mais, huit ans après, le Haut Conseil à l'égalité (HCE), juge que la pénalisation des clients est «appliquée inégalement sur le terrain» et pointe le fait que la loi de 2016 ne suffit plus face aux nouvelles formes de prostitution, notamment sur Internet. Un rapport des inspections générales déplore quant à lui un «manque de pilotage national» et regrette le manque de «mesures de sensibilisation du grand public».
D'autres voix s'élèvent pour dénoncer le manque de moyens, insistant notamment sur le montant insuffisant de l'aide financière d'insertion sociale (Afis) accordée aux personnes qui veulent sortir de la prostitution, à hauteur de 330 euros mensuels. Aurore Bergé avait elle-même jugé cette aide «très faible monétairement» lors d'une audition au Sénat le 21 mars dernier. La ministre avait alors estimé que l'Afis «mériterait sans doute d'être revalorisée».
Entre 7.000 et 10.000 mineurs prostitués
La prostitution des mineurs, identifiée comme l'une des préoccupations principales, a déjà fait l'objet d'un plan national en 2021. Mais, selon les associations, le nombre de mineurs prostitués, estimé entre 7.000 et 10.000, a plus que doublé ces dernières années en France. Certains publics sont identifiés comme étant particulièrement vulnérables, à l'image des enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance (Ase).
Comme il y a huit ans, ce nouveau plan risque de faire l'objet de vifs débats, opposant les partisans de l'abolition de la prostitution aux anti-abolitionnistes. Les premiers avaient salué la loi de 2016 mais les seconds avaient déploré un texte mettant de côté la réalité des travailleuses du sexe.
La coordinatrice du syndicat du travail sexuel (Strass), Elisa Koubi, explique notamment que depuis cette loi, les clients, menacés de sanctions, se montrent «beaucoup plus agressifs et plus violents». Selon elle, les personnes prostituées se retrouvent contraintes de «s'éloigner pour éviter la police, donc de s'isoler et de sortir des radars des associations et de la prévention santé».
Les collectifs anti-abolitionnistes disent ne pas avoir été consultés par l'exécutif dans le cadre de ce nouveau plan national dédié à la prostitution et le regrettent. Dans ce contexte, Sarah-Marie Maffesoli, coordinatrice chez Médecins du Monde, craint «une stratégie purement idéologique» qui risque selon elle de «passer à côté du sujet», à savoir «la situation des personnes concernées sur le terrain».