Des spécialistes de l'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est (Ifrae) et des anthropologues ont découvert que des humains vivant en France au Néolithique pouvaient pratiquer des sacrifices ressemblant à des tortures de la mafia.
L'être humain a-t-il toujours été sordide ? C'est ce que pourraient prouver les dernières recherches menées par des anthropologues français et des membres de l'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est (Ifrae) à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme).
Les chercheurs ont réétudié les résultats de fouilles archéologiques menées dans une sépulture découverte en 1984, il y a 40 ans. Cette dernière semblait avoir été érigée suite à un rituel brutal exécuté durant deux millénaires au Néolithique (entre 10.000 et 2.200 ans avant J.-C.).
Dans les années 80, les scientifiques avaient retrouvé les squelettes de trois femmes dans une structure comparable à un silo. Mais la position des corps intrigue, puisque deux corps semblaient contorsionnés et ensevelis sous des pierres découpées.
l'hypothèse d'un rite de fertilité
Dans leur nouvelle conclusion publiée dans la revue Science Advances, les auteurs soutiennent que ces jeunes femmes ont été tuées par «auto-strangulation». Ils décrivent l'acte de torture ainsi : «La victime, en position couchée, est attachée à la gorge et aux chevilles avec une corde. L'auto-étranglement devient inévitable en raison de la position forcée des jambes».
Cette technique brutale et sinistre est comparée par les scientifiques à celles utilisées par la mafia italienne. Et notamment la technique de «l'incaprettamento», qui consiste à attacher une personne en reliant les cordes du cou aux chevilles pour que le supplicié s'étouffe lui-même.
Dès lors, la question de l'intérêt de ces rites se pose. Il pourrait ainsi s'agir d'une cérémonie religieuse potentiellement liée à la fertilité. D'autres éléments vont dans ce sens. D'abord, la présence d'ossements d'animaux, signes de grand festin. De même, des poteries fabriquées avec de la terre provenant de lieux à plusieurs dizaines de kilomètres ont été retrouvées sur le site de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Le phénomène aurait ainsi duré, selon les scientifiques auteurs de l'étude, pendant au moins deux millénaires dans ce petit territoire de la Drôme. En effet, d'autres traces d'«incaprettamento» avaient été aperçues dans des fouilles en Espagne et en Pologne, et datant d'entre 5.400 et 3.500 ans avant J.-C.