Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé, ce mardi 26 mars, qu’il «n’excluait pas» de recourir à des réquisitions de personnels, de stocks ou d’outils de production notamment dans le cadre d’une «économie de guerre».
Une mesure à prendre, seulement «si le compte n'y était pas». Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a annoncé mardi qu'il «n'excluait pas» de recourir à des réquisitions de personnels, de stocks ou d'outils de production ou à imposer aux industriels d'accorder la priorité aux besoins militaires par rapport aux besoins civils, pour accélérer la production.
«Pour la première fois, je n'exclus pas d'utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l'armement (DGA) de faire, c'est-à-dire si le compte n'y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation», a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse en présence de tous les chefs d'état-major.
Les réquisitions, permises par la Loi de programmation militaire adoptée à l'automne, peuvent aller de «personnels, de stocks ou d'outils de production» pour les dédier à la production de matériels militaires, a-t-il rappelé, estimant que c'était «l'outil le plus dur de notre arsenal juridique». «Ce n'est pas l'outil prioritaire au moment où je vous parle, mais je vous dis que ça existe parce que ça crée de la lisibilité aussi pour tout le monde, il n'y aura pas de surprise», a-t-il précisé.
Les industriels bientôt concernés
Sébastien Lecornu envisage, en revanche, «dans les toutes prochaines semaines» d'imposer à certains industriels des niveaux minimaux de stocks, de manière à produire plus rapidement, ou à accorder la priorité à la commande militaire face aux besoins civils.
«Si parfois les cadences de production sont trop lentes, c'est parce qu'il y a une tentation de faire du flux tendu et de ne pas avoir suffisamment de stocks de matières premières ou de composants», ce afin d'éviter d'immobiliser de la trésorerie pour constituer ces stocks, a-t-il justifié.
Dans sa ligne de mire notamment, les délais de livraisons du missile anti-aérien de longue portée Aster produits entre la France et l'Italie par MBDA, qui sont trop longs au regard du ministre. «La question de prioriser chez les sous-traitants de MBDA pour le missile Aster la commande militaire, en priorité sur une commande civile, est quelque chose qui est évidemment complètement regardable», a-t-il appuyé.
Paris a passé une commande de 200 missiles Aster en janvier 2023 pour 900 millions d'euros, leur livraison étant prévue en 2026. Or ces missiles, qui auparavant «n'étaient pas utilisés ou à des fins d'entraînement tout juste» selon lui, sont fournis à l'Ukraine pour défendre son ciel et ont été tirés à 22 reprises contre des drones et missiles houthis depuis le mois de décembre par les deux frégates françaises déployées en mer Rouge.
«Désormais, on a des contrats opérationnels concrets sur lesquels nous avons une sollicitation», a-t-il martelé, annonçant une «commande anticipée» de 200 missiles Aster supplémentaires.