L'Insee va dévoiler, ce mardi 26 mars, le chiffre officiel du déficit public de la France pour l’année 2023. Selon les premières estimations, il sera supérieur aux 4,8% anticipés par Bercy, et pourrait atteindre les 5,6%.
La France va devoir se serrer la ceinture. À moins de trois mois des élections européennes, le couperet va tomber pour la France. Alors que les services de Bercy tablaient sur un déficit inférieur à 5%, celui-ci pourrait finalement dépasser les 5,5%, confirmant un net dérapage des finances publiques, et plaçant la France en avant-dernière position dans la zone euro, devant l'Italie. Un bilan ternis pour le gouvernement et pour Bruno Le Maire, en poste depuis 2017, qui pourrait se chiffrer à 15 ou 20 milliards d’euros.
Concrètement, la première conséquence de cette annonce est déjà connue. Le gouvernement doit faire des économies sur les dépenses publiques, et plusieurs secteurs seront impactés. Par ailleurs, des difficultés risquent aussi de survenir avec nos partenaires européens. Il y a deux semaines, les économistes de la Banque centrale européenne (BCE) estimaient que le déficit public de la zone euro devrait se situer à 3,2% du PIB en 2023. S'il a toujours été prévu que la performance française serait moins bonne que la moyenne européenne, la différence avec nos voisins pourrait devenir vraiment importante.
L'Espagne et le Portugal bons élèves, l'Italie en bas du classement
Dans la zone euro, justement, seule l’Italie fait moins bien que la France, malgré l'appui du plan de relance européen. Alors que le gouvernement de Giorgia Meloni espérait que le déficit public ne dépasserait pas 5% du PIB, il a encore atteint 7% en 2023. La Péninsule est aussi le seul pays européen avec la Grèce à être plus endetté que l'Hexagone. À l’inverse, des pays comme l’Espagne (3,7%) ou le Portugal, en excédant budgétaire de 1,2% de PIB (au lieu des 0,8% attendus) font office de bons élèves.
Du côté de l’Allemagne, saluée pour sa «sagesse budgétaire», le pays continue d’avoir un faible déficit public, malgré des difficultés économiques qui lui confèrent une très faible croissance. L’Allemagne envisage d’ailleurs de retrouver son niveau de dette d’avant Covid-19, c’est-à-dire en dessous de 60% du PIB, un objectif ambitieux. La vertu budgétaire germanique pourrait ainsi pénaliser ses partenaires, et notamment la France, puisqu’une hausse des investissements publics de la première économie européenne soutiendrait toute l'économie de la zone euro. Or, cela ne semble pas faire partie des plans de l’Allemagne pour les mois à venir.
Réunion d'urgence à Bercy
Sur les marchés, l’état des finances publiques françaises ne semble toutefois pas avoir encore de conséquences. Le différentiel de taux d'intérêt avec l'Allemagne se situe en effet au même niveau qu'il y a un an. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y aura aucun changement à l’avenir. Une dégradation de la note de la France par les agences financières est d'ailleurs redoutée d'ici à juin. Elle pourrait faire office d'avertissement pour le gouvernement, qui s'est engagé à drastiquement réduire ses dépenses publiques dans les années à venir.
Face à la gravité de la situation, les ministres de l’économie, de la Santé et du Budget, ont invité tous les présidents de groupes politiques des deux chambres du Parlement à une «réunion de travail» à Bercy, ce mardi entre 15h et 17h30. L’occasion d’évoquer les pistes en matière de réduction de la dépense publique en vue du budget 2025. Le gouvernement cherche désormais à réaliser 20 milliards d’économies, l’an prochain, contre 12 initialement programmés.