Ce mardi 12 mars, une membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a été refusée d'accès à une conférence propalestinenne organisée par un groupe d’étudiants à Sciences Po Paris. Elle témoigne sur le cauchemar qu’elle a vécu et les propos antisémites dont elle a été la cible.
Encore dans la tourmente. Depuis mardi 12 mars, une mobilisation propalestinienne a créé une vive polémique à Sciences Po au point que la situation de l’école parisienne des élites s’invite en Conseil des ministres de ce mercredi 13 mars. À l’origine de cette crise, un groupe d’élèves ayant organisé une conférence sur Gaza.
Durant celle-ci, une jeune femme de 20 ans et membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) s’est vu barrer l’accès à cette conférence. Dans les colonnes du Parisien, la jeune femme est revenue sur le déroulé des faits.
«Dès que je suis arrivée devant la porte, des organisateurs, masqués, m’ont bloquée. Ils m’ont dit : "Toi, tu ne rentres pas !". Je leur ai demandé de m’expliquer. Ils m’ont juste rétorqué : "On te connaît"», a raconté la jeune femme.
Alors que cet événément était ouverte au public, des propos antisémites auraient été prononcés à l’encontre de la jeune femme de 20 ans.
«Quelqu’un m’a dit qu’un participant avait lancé : "La laissez pas rentrer, c’est une sioniste !". Ils se targuent de dire qu’ils ne sont pas antisémites parce qu’ils ne crient pas «mort aux juifs». Or, me qualifier de sioniste, c’est de l’antisémitisme», a-t-elle ajouté.
Le procureur de la République saisi
Le Premier ministre Gabriel Attal et la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau «se sont rendus au conseil d'administration» de la Fondation de Sciences Po «pour souligner la gravité des faits et la nécessité absolue que l'Université demeure un lieu d'enseignement» et de «débats sains et respectueux des valeurs de la République», a indiqué la direction de l'école dans un communiqué dans la soirée.
Sciences Po saisit le procureur de la République pour des faits à caractère antisémite, sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale.
Notre communiqué pic.twitter.com/0yx1dBb6IO— Sciences Po (@sciencespo) March 13, 2024
La prestigieuse université a saisi «le procureur de la République pour des faits à caractère antisémite, sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale».
L'établissement, «traversé par le conflit au Proche-Orient et ses conséquences désastreuses sur les populations civiles, constate et regrette un durcissement des relations entre ses communautés étudiantes et l’instauration d’un climat délétère inacceptable», écrit encore Sciences Po Paris.