Une manifestation indépendantiste qui s'est tenue à Bastia ce samedi, deux ans jour pour jour après le décès d'Yvan Colonna, a dégénéré en heurts entre membres violents du groupe et forces de l'ordre.
lls étaient venus exprimer leur colère, deux ans après l'agression mortelle du militant indépendantiste Yvan Colonna survenue au sein de sa cellule, dans le centre de détention d'Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait une peine pour son rôle dans l'assassinat du préfet Claude Erignac, en 1998 à Ajaccio.
Quelque 650 personnes, selon la préfecture de Haute-Corse, s’étaient réunies, ce samedi, en marge d’une manifestation à Bastia (Corse), pour dénoncer entre autres un «État français assassin, responsable de la mort d'Yvan Colonna». Des affrontements ont ensuite éclaté entre une dizaine de personnes encagoulées et les forces de l'ordre.
Des jeunes hommes, vêtus de tenues de peintre en bâtiment ou encagoulés, ont lancé plusieurs cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, positionnées en nombre à proximité de la préfecture de Haute-Corse, dans le centre-ville de Bastia. Celles-ci ont répliqué avec des grenades lacrymogènes, au cours d'incidents qui ont duré environ deux heures, dans deux rues adjacentes à la préfecture.
«Pour les droits du peuple Corse»
La manifestation, partie du palais de justice, était organisée à l'appel du collectif Patriotti et de l'Associu Sulidarità, qui milite pour la libération «prisonniers politiques corses», ou encore du parti indépendantiste Nazione, qui comptait récemment une élue à l'assemblée de Corse.
«Basta à a ripressione» (NDLR: stop à la répression) et «Per i diritti di u populu corsu» (NDLR: pour les droits du peuple Corse) ; tels étaient les deux mots d'ordre de la manifestation.
Lors d'une prise de parole, devant la préfecture, Jean-Philippe Antolini, porte-parole du mouvement Nazione, a notamment demandé «la fin des arrestations arbitraires stigmatisant les militants indépendantistes», mais aussi «la reconnaissance du peuple corse sur sa terre».
Vers une autonomie de la Corse ?
Une banderole brandie par plusieurs jeunes manifestants a également visé les élus corses qui coopèrent avec le ministère de l'Intérieur, sur une éventuelle autonomie de l'île : «Nous avons mangé des lacrymos, pour vous voir vous gaver à Beauvau», pouvait-on lire sur celle-ci.
Lors d'un dîner, lundi dernier, une délégation d'élus corses et Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, s'étaient mis d'accord sur cinq propositions pour avancer vers une autonomie de la Corse, dans le cadre de discussions entamées depuis deux ans. Le prochain point d'étape aura lieu mi-mars, dans un format similaire.