Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur, la France compterait actuellement environ 2.600 lieux de culte musulman. Parmi eux, des mosquées mais surtout des salles de prière. Il est toutefois difficile de les comptabiliser précisément, car nombre d'entre eux se trouvent dans des espaces non construits originellement à cet effet.
«Si vous voulez faire entendre votre voix, il faut vous organiser», avait affirmé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, face à une soixantaine de représentants de la communauté musulmane, après avoir honoré la mémoire des soldats musulmans morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale, le 11 novembre dernier, à la Grande Mosquée de Paris.
Et pour cause, en raison du manque de centralisation de l’islam en France, il est très difficile de recenser l'organisation du culte musulman, et notamment d’estimer avec précision le nombre de lieux de culte dédiés sur le territoire français.
environ 900 mosquées
Depuis 1905 et la loi de séparation des églises et de l'État, «la France», c'est-à-dire l'État français, ne construit ni église, ni mosquée, ni aucun édifice religieux. Ce sont les communautés elles-mêmes qui financent, construisent et entretiennent leurs lieux de culte, ce qui ne permet pas d'obtenir de véritables chiffres officiels. Néanmoins, selon les dernières évaluations publiées par le ministère de l'Intérieur, la France compterait ainsi environ 2.600 lieux de culte musulman.
Mais selon un rapport de l'Observatoire de la laïcité publié en 2019, sur les près de 2.600 lieux de culte musulmans qui existent en France, au moins les deux tiers sont des salles de prière. Il y aurait donc un peu moins de 900 mosquées sur le territoire. Par comparaison, toujours selon le même rapport, la France compte plus de 4.000 temples protestants et près de 39.000 églises qui accueillent encore des fidèles.
64 mosquées en 2009
S’il est difficile d’établir un chiffre précis du nombre de ces lieux de culte, c’est notamment en raison du manque de centralisme de l'islam en France. Contrairement au catholicisme, qui dispose d'une organisation claire et structurée, l'islam, comme nombre de mouvances protestantes par exemple, est très peu hiérarchisé. S'il existe des instances respectées par tous les musulmans, il n'y a pas d'organigramme du clergé musulman. Une communauté de fidèles peut désigner l'un d'eux pour être son imam et diriger la prière. D'où la prolifération de salles de culte «officieuses» sans contrôle.
En 2012, le ministère de l'Intérieur estimait qu'il y avait dans le pays 2.449 lieux de culte musulman, dont 318 en Outre-mer. Ce nombre a fortement augmenté durant la dernière décennie, puisque le précédent recensement faisait état de 1.536 lieux de culte en 2000. Néanmoins, un lieu de culte n'est pas une mosquée. Pour l'essentiel, les musulmans français prient dans des salles discrètes, même si on constate depuis la fin des années 2000 une vague de constructions de mosquées plus visibles. On comptait en 2009 seulement 64 mosquées dotées de minarets pour près de 2.500 lieux de prière, soit 2,5 % environ.
Des centres socioculturels et des mosquées «radicalisées»
Par ailleurs, les mosquées ne sont pas seulement des lieux où les musulmans de France se réunissent pour les cinq prières quotidiennes. La question de son nombre en France doit donc être envisagée dans toute sa complexité et sa diversité. Elles jouent aussi un rôle social et culturel important. Elles organisent souvent des cours d’arabe et d’islam pour les enfants et les adultes, des conférences sur la religion et la vie en société, ainsi que des activités caritatives. Certaines mosquées, dites «centres culturels islamiques», proposent même des services plus diversifiés, comme des activités sportives, des cours de soutien scolaire ou des ateliers d’insertion professionnelle.
Il existe toutefois également un certain nombre de mosquées dites «radicalisées», avec des imams qui prêchent sans contrôles, tenant parfois des propos «anti-français», comme cela a été révélé par le ministre de l’Intérieur au sujet de Mahjoub Mahjoubi, un imam tunisien qui exerçait à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard. Selon le ministère de l’Intérieur, 301 imams, sur les 2.600 à 2.800 en exercice sur le territoire, sont des imams détachés. Parmis ces derniers, 151 seraient Turcs, 120 seraient Algériens et 30 seraient originaires du Maroc.