Missak et Mélinée Manouchian entreront dans le célèbre mausolée du Panthéon ce mercredi 21 février. Mais quelle est cette «affiche rouge», ce placard enclin à discréditer la Résistance aux yeux des Français en 1944.
Dix visages, une affiche pour dénoncer la Résistance aux yeux du peuple pendant la Seconde guerre mondiale. Missak Manouchian était l’un d’entre eux aux côtés de Thomas Elek, Spartaco Fontanot ou encore de Marcel Rajman. Mercredi prochain, il entrera au Panthéon avec son épouse Mélinée, elle aussi résistante.
Posée dans les rues des grandes villes françaises par l’armée allemande en mars 1944, l’affiche interpelle par son rouge criard et son grand format. Le document présente les identités des membres du groupe Manouchian en faisant figurer leurs visages, leur religion et/ou appartenance politique.
Le but des nazis ? Discréditer l'action résistante aux yeux du peuple français pour le diviser en jouant sur le racisme et la peur.
«La libération par l’armée du crime !»
C’est ce que l’on peut lire en gros caractères sous les clichés des dix hommes. Alors qu’elle fait aussi apparaître le nombre «d’attentats» et de «meurtres» commis par ces derniers selon l’occupant, l’affiche déclinée en tracts ajoute un texte au verso.
«Voici la preuve, Si des Français pillent volent/sabotent et tuent. Ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels qui exécutent. Ce sont toujours les Juifs qui les inspirent. C’est l'armée du crime contre la France.»
Cette action de propagande intervient alors que les Brigades spéciales de la préfecture de police de Paris et les services de sécurité allemands travaillent à la dissolution des groupes opposant.
Avec ses hommes, Missak Manouchian fera l’objet d’un procès - s’il a eu lieu, car des doutes subsistent en raison du peu d’archives disponibles – et sera fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, dans les Hauts-de-Seine.
L’engagement avant tout
Si son impact n’est pas forcément mesurable, certains anonymes ont ignoré les avertissements des nazis en déposant des fleurs aux abords des affiches et en collant des messages de soutien.
D’abord instrument de propagande, l’affiche rouge est aujourd’hui symbole d’engagement. C’est pourquoi, en 1955, Louis Aragon lui dédie un poème intitulé «Strophes pour se souvenir» afin de rendre hommage à Missak Manouchian et ses coéquipiers.
Léo Férré chantera ces vers quelques années plus tard en s’inspirant de la lettre qu’a écrite Michel Manouchian à sa femme Mélinée, avant de mourir.
