Selon la Fédération française du bâtiment, 150.000 emplois sont menacés en France d’ici à 2025. Cela s’explique par une crise du logement neuf qui frappe l’Hexagone, accentuée par des mesures que dénoncent les professionnels du secteur.
Pas de répit pour Guillaume Kasbarian, nommé ministre délégué au Logement le 8 février dernier. La crise du logement est de plus en plus pressante en France, notamment sur les logements neufs. En 2023, la production a tout simplement chuté de 50%. Un chiffre qui pousse les promoteurs de l’Hexagone à licencier une partie de leur personnel.
A l’image de Vinci Immobilier, pourtant leader du secteur. Ce dernier a présenté, mi-janvier, un plan de sauvegarde pour l’emploi (PSE) aux partenaires sociaux. Une tendance suivie par le numéro 1 de la construction neuve, Nexity, qui pourrait annoncer son PSE à la fin du mois et qui a déjà commencé à réduire ses coûts.
En septembre dernier, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) avait annoncé que le secteur prévoyait la suppression de 150.000 emplois d’ici à 2025. «À l'horizon 2025, si rien n'est fait, donc si l'on laisse la crise du neuf s'enclencher, l'activité bâtiment reculera d'environ 8% hors effet de prix, soit 14 milliards d'euros en moins. S'ensuivra une réelle montée des défaillances et une chute de l'emploi, avec près de 150.000 destructions de postes», avait déclaré Olivier Salleron lors d'une conférence de presse.
Des mesures néfastes pour le logement
Pourtant, cela fait des années que la profession pointe du doigt certaines mesures jugées néfastes pour le secteur, comme la mise en place de la réduction du loyer solidaire (RLS). Celle-ci a privé les groupes HLM d’1,3 milliard d’euros de recettes par an depuis 2018 comme l’avait dénoncé la présidente de l'Union sociale pour l'habitat Emmanuelle Cosse sur FranceInfo. «Depuis 2018, l'État nous prend 1,3 milliard d'euros de nos recettes de loyers (…) pour les réinjecter dans le budget national de l'État», avait-elle affirmé. La construction de logements sociaux a parfois été divisée par deux par certains bailleurs sociaux, privés de ressources.
Mais cette crise du logement neuf a aussi été accentuée par l’accès au prêt à taux zéro, restreint par le gouvernement, ainsi que l’annonce de la fin du dispositif Pinel permettant aux particuliers jusqu’à fin 2024 d’investir dans l’immobilier locatif en échange d’un avantage fiscal.
Les taux d’intérêt, multipliés par quatre en un an et demi, ont malheureusement favorisé cette crise du logement. Les ménages n’ont plus accès au financement des banques, ce qui joue sur les commandes des promoteurs avec des mises en chantier en recul de 22%. Par ailleurs, les permis de construire sont de moins en moins accordés par les mairies (-23,7% en 2023). Avec seulement 280.000 logements mis en chantier l’an dernier, la France a atteint le même niveau que 1992, période de grande crise immobilière.
Pour faire face à ce secteur paralysé, Matignon assure que le logement est l’une des priorités des 100 premiers jours de Gabriel Attal.