Le modèle économique du ski français est «à bout de souffle», selon la Cour des comptes. La juridiction a demandé aux professionnels la mise en place d'un nouveau plan pour accroître la fréquentation des stations.
Alors que le tourisme montagnard représente 22,4% des nuitées touristiques en France, la Cour des comptes a revendiqué la mise en place d’une véritable transition pour pallier les pertes économiques des stations de ski. Quels sont les points évoqués par le rapport de 147 pages publié mardi 6 janvier ?
Érosion de la fréquentation
Le bilan fait l’état des lieux de 42 zones skiables en France, réparties sur les Pyrénées, le Massif central, le Jura et les Alpes. La Cour des comptes a assuré que la clientèle hivernale a peiné à se renouveler en dix ans.
«Selon Domaines skiables de France, entre 2009 et 2019, près de 5,5 millions de journées-skieurs annuelles ont été perdues par l’économie du ski», a expliqué la juridiction, s’appuyant sur le nombre de visites journalières des touristes venus skier ou faire du snowboard. Une perte de revenus que la Cour explique par le «renouvellement incomplet de la clientèle vieillissante par de plus jeunes touristes».
Un business plan archaïque
Le réchauffement climatique fait partie des causes qui menacent le modèle économique des stations françaises. Parmi les 42 zones skiables du territoire national, peu d’entre elles «pourraient espérer poursuivre une exploitation […] à l’horizon de 2050», a estimé l'organisme, notamment à cause de stratégies qui «reposent essentiellement sur la production de neige» synthétique. Cette solution est peu envisageable à long terme pour la juridiction financière. «Son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures», est-il écrit dans le bilan. L’utilisation des canons à neige en hiver aurait notamment un lourd «impact […] sur les ressources en eau […], sous-estimé dans de nombreux territoires».
«Il faut que les stations passent à un autre schéma qui consiste à avoir de vrais projets et se projeter sur les vingt, trente années futures, ce n’est pas évident. À ce titre, la production de neige reste une solution à courte période mais pas sur une longue durée», a expliqué à la presse le président de la Chambre Régionale des Comptes Auvergne-Rhône-Alpes, Bernard Lejeune.
Augmentation des tarifs et modèle quatre saisons
Une des solutions apportées par la Cour des comptes pour revaloriser le modèle économique des zones touristiques en montagne est de réévaluer le prix des remontées mécaniques. Face à la presse, le président de la juridiction, Pierre Moscovici, a proposé d’augmenter les taxes, qu’il a jugées «assez basses» par rapport à «d’autres grands pays de ski». Dans le rapport publié mardi 6 février, la station d’Isola 2000 dans les Alpes-Maritimes a été prise comme exemple. «Le prix du forfait journée devrait être porté de 35 à 60 euros la journée, pour que celui-ci paie réellement le coût du service».
Les stations en haute montagne françaises ont la consigne de suivre un modèle économique qui attire les touristes tout au long de l’année. Pierre Moscovici a évoqué la mise en place d’une «nouvelle gouvernance», afin que les «92 millions par an d’investissement» soient utilisés pour «un modèle plus diversifié, qui soit un modèle [quatre-saisons]», assurant l’accroissement des bénéfices des zones touristiques.