Alors candidat à l’élection présidentielle de 1995 sous l'étiquette du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers évoquait la condition agricole entravée selon lui par les dirigeants européens à Bruxelles. Un constat étayé qui fait écho à l'actualité et au mouvement des agriculteurs en colère.
«Je veux un agriculteur demain qui vive, non pas des primes, mais de son travail». Le 18 mars 1995, en marge du premier tour de l’élection présidentielle de 1995, Philippe de Villiers, alors président du conseil général de Vendée, avait dévoilé un clip de campagne. Dans celui-ci, il énumérait son programme, développé point par point grâce aux questions posées face caméra à des représentants de la société : une mère de famille, un ancien combattant, et également… un agriculteur.
«Il y a trois ans, la Communauté européenne nous a donné des subventions pour planter des pommiers. Aujourd’hui, on nous donne des subventions pour les arracher», s’agaçait ainsi un paysan exerçant sa profession depuis une trentaine d’années. Une situation qui, selon lui, découlait des accords du Gatt.
Un «spectacle de désolation»
«Ainsi, quand 20.000 hectares sont arrachés, c’est 20.000 emplois supprimés», abondait le paysan qui ne comprenait pas que, dans le même temps, «600.000 tonnes de pommes en provenance du Chili, d’Argentine et d’Afrique du Sud», se retrouvaient sur les étals de l’Hexagone.
Un «spectacle de désolation» également observé par Philippe de Villiers. Durant sa déclaration entrecoupée d’interviews de citoyens, il critiquait ainsi les «technocrates de Bruxelles» qui seraient, selon lui, responsables de cette situation.
En se rendant dans un supermarché du Tarn-et-Garonne situé à proximité d’un des vergers où les pommes avaient été arrachées, le président du Mouvement pour la France s’attendait à trouver des fruits de la région.
Mais sur les étagères, ce sont des pommes en provenance du Chili qu’il trouvera. «Nous marchons sur la tête», avait-il alors constaté, promettant, s'il était élu de remettre les jachères françaises en culture, à l'image de ce qu'avaient à l'époque fait les États-Unis et ainsi d'établir «la préférence européenne. En clair, un agriculteur devait, selon le candidat à l'élection présidentielle de 1995, vivre «non pas des primes, mais de son travail».
«Si on fait ça, le pays reverdit», avait-il expliqué, évoquant la nécessité pour les européens de consommer «les produits qui sont fabriqués chez nous». Près de trente ans plus tard, la situation des agriculteurs n'a que guère évolué, et les mêmes problématiques refont surface. Et confèrent aux propos de Philippe de Villiers une vertu prémonitoire.