Des chercheurs ont alerté sur la possibilité d’une canicule bien pire que celle de 2003 pendant les Jeux Olympiques de Paris, un enjeu dont les organisateurs disent avoir «pleinement conscience».
Des records de chaleur risquent d’être battus. C’est ce qu’envisagent des chercheurs, alertant sur la possibilité d’une canicule bien pire que celle de 2003 durant les JO de Paris. Un enjeu dont les organisateurs disent avoir «pleinement conscience».
Dans ce scénario catastrophe, des scientifiques ont voulu calculer quelle pourrait être la pire vague de chaleur possible sur une période de 15 jours en région parisienne pour les JO (26 juillet-11 août).
Lors de la canicule de 2003, les hôpitaux avaient été débordés par un afflux de patients et l'épisode s'était soldé par 15.000 décès, selon des estimations. Pendant neuf jours consécutifs, Paris avait alors connu des températures supérieures à 35°C durant la journée, avec peu de fraîcheur la nuit.
Est-il possible de faire pire que la moyenne de 2003? «Des températures qui dépassent le record de 2003 d'environ 4°C» en Ile-de-France «sont possibles», ont conclu les auteurs dans l'article publié dans la revue Npj Climate and atmospheric science.
Une «probabilité assez forte» de dépasser le record de 2003
«La motivation dès le départ, c’était de partir du constat de la canicule de 2003, qui nous a tous surpris par son ampleur» et dont «personne ne pensait qu'elle était possible avant qu’elle n’arrive», a expliqué Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Npj Climate and atmospheric science.
«En 20 ans, le climat a changé et l’idée était d’alerter les pouvoirs publics que quelque chose de nettement pire que 2003 peut arriver, que c’est possible», a souligné Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), l'auteur principal de l'étude.
«Au XXe siècle, il n’était pas possible de dépasser ce record, mais maintenant on peut non seulement l’atteindre mais aussi le dépasser avec une probabilité finalement assez forte, proche de 1/100», a estimé le chercheur.
Un scénario encore hypothétique
Interrogés par l'AFP, les organisateurs des JO disent avoir «pleinement conscience de l’impact que peut avoir le changement climatique sur les compétitions». «La canicule et les conditions météorologiques extrêmes sont une hypothèse que nous prenons en compte et que nous anticipons au maximum, pour prendre les mesures nécessaires», ont-ils indiqué.
Les organisateurs, qui collaborent avec Météo-France et Santé publique France, se fondent notamment sur des données historiques pour chaque site. Pour leur étude, les chercheurs ont de leur côté réalisé un exercice de simulation du pire se fondant sur les modèles climatiques utilisés notamment par les climatologues du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, mandatés par l'ONU).
Pour qu'une telle vague de chaleur extrême se produise, il faudrait la conjonction d'un anticyclone stable et d'un phénomène météorologique nommé «goutte froide», capable de pomper de l’air très chaud du Sahara vers la France, précisent-ils.
Mais ce n'est en aucun cas une prévision de la météo pour l'été prochain. Météo-France ne publie pour sa part que de «grandes tendances» sur trois mois et il faudra donc attendre avril pour avoir une indication assez vague pour juillet. «Nous ne saurons pas en avril si/quand il y aura des canicules en juillet, nous aurons une tendance sur un scénario proche, en dessous ou au-dessus des normales», a-t-on précisé à Météo-France.