Une réunion de travail organisée par Gabriel Attal se tient ce jeudi à 8h30 à Matignon. L'objectif : trouver des solutions pour répondre aux problématiques soulevées par les agriculteurs, en colère depuis trois jours et prêts à bloquer tout Paris.
Urgence à Matignon. Confronté à sa première crise depuis sa nomination, le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, tient une réunion d'urgence ce jeudi matin à 8h30 à Matignon, en compagnie des ministres de l’Agriculture, Marc Fesneau, de l’Environnement, Christophe Béchu, et de l’Economie, Bruno Le Maire, pour évoquer les solutions à apporter aux agriculteurs en fronde depuis trois jours et qui menacent désormais de bloquer Paris.
La mobilisation des agriculteurs français s'est amplifiée ces deux derniers jours, avec une multiplication des blocages pour obtenir des «réponses concrètes» du gouvernement, qui dit avoir «entendu l'appel» et promet des annonces «dans les jours à venir». Endeuillé par les décès accidentels d'une éleveuse et de sa fille ce mardi sur un barrage routier, le mouvement dit y avoir puisé une «rage» supplémentaire et s’apprête à «bloquer» Paris, ainsi que toutes les autoroutes qui conduisent à la capitale.
La FNSEA a réclamé mercredi soir des aides très rapides pour les agriculteurs et un allègement des contraintes environnementales, dans une liste détaillée de demandes adressée au gouvernement. Le premier syndicat agricole français et les Jeunes Agriculteurs (JA) exigent des «réponses immédiates sur la rémunération», dont une aide d'urgence aux «secteurs les plus en crise», et à plus long terme, la mise en œuvre d'un «chantier de réduction des normes», ont-ils indiqué dans un communiqué.
«protéger le modèle agricole français»
Ce mercredi, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, avait évoqué des pistes à l’étude sur la fiscalité du gazole non routier et sur «les avances de trésorerie» aux chefs d’exploitation. Gabriel Attal «s’est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain», a-t-elle ajouté. «Le mot d’ordre, c’est qu’il ne doit pas y avoir de tabou, on doit pouvoir avancer sur tous les sujets», a insisté Prisca Thevenot, pointant les «normes environnementales», qui, «de temps en temps, plutôt que de libérer et protéger, sont venues asphyxier» l’agriculture française.
L'exécutif est «déterminé à protéger le modèle agricole français, pour que les agriculteurs puissent vivre décemment de leur travail», a-t-elle enfin affirmé à l'issue du Conseil des ministres. Directement concernés par les problématiques soulevées par les agriculteurs, ce sont Marc Fesneau, Christophe Béchu et Bruno Le Maire qui devront trouver des solutions rapides pour mettre fin à l'embrasement.
De grandes annonces attendues et des menaces
Mais les agriculteurs ont d'ores et déjà prévenu : des petites annonces ne devraient pas suffire. Marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole, politique agricole commune : cultivateurs et éleveurs n'ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat, le tout avec des enjeux financiers qui prennent à la gorge la plupart des paysans. Et leur patience semble avoir atteint leurs limites.
«On voulait avoir des éléments tangibles à communiquer aux collègues mais on n'a rien eu, ça veut dire quoi, ils ne bossent pas dans les ministères ?», a lancé Karine Duc, coprésidente du syndicat départemental du Lot-et-Garonne. «Attendre jusqu'à vendredi pour avoir des annonces, c'est prendre beaucoup de risques. Plus on attend, plus il va falloir qu'elles soient costaudes les mesures», a-t-elle ajouté.
«En France, s'il n'y a pas des larmes et du sang, rien n'aboutit. Aujourd'hui, on a tout fait pour que ça se passe à peu près tranquillement, demain je ne vous garantis rien», a renchéri Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d'agriculture et figure de la CR47.