Eleveur bovin originaire de la Haute-Garonne, Jérôme Bayle est devenu l'une des figures du mouvement des agriculteurs en colère, dont les mobilisations s'amplifient à travers tout le pays. Voici son portrait.
Il est devenu le porte-voix de toute une colère. Alors que les agriculteurs poursuivent leurs actions pour obtenir des mesures, notamment en matière de revenus, une voix s’est fait davantage entendre que les autres, celle de Jérôme Bayle.
«Je m’engage à ne pas sortir vivant de tout ça s’il le faut. On se battra jusqu’au bout», a notamment affirmé cet éleveur bovin, désormais connu comme l'une des figures emblématiques du mouvement.
Il a repris la ferme familiale
A la tête d'une exploitation de vaches limousines située à Montesquieu-Volvestre, au sud de Toulouse (Haute-Garonne), depuis maintenant huit ans, cet ancien rugbymen a repris la ferme familiale après le suicide de son père. A son sujet, Jérôme Bayle a affirmé que son aïeul s’était donné la mort à cause d’un «manque de soutien de l’Etat» et de «la crise de 2015».
La situation de sa mère lui tient également beaucoup à coeur. Selon ses dires, cette dernière, agricultrice de métier également, touche en effet à peine 217 euros de retraite par mois, après avoir travaillé durant quarante-neuf ans. Avant de mourir, le père de Jérôme Bayle ne gagnait du reste pas beaucoup plus : seulement 690 euros de retraite chaque mois, et donc trop peu pour vivre.
pionnier d'actions d'ampleur
Le 16 janvier dernier, des agriculteurs se réunissaient sur la place du Capitole à Toulouse. Jérôme Bayle ne le savait pas encore, mais ce rassemblement allait être le premier d'une longue série. Tout est parti d’un groupe Facebook, créé à son initiative, appelé «les Rugbyculteurs», dans la foulée du blocage de l’autoroute A64.
Pour l’ex-rugbymen, la situation des éleveurs et exploitants est aujourd'hui à ce point grave qu'il la qualifie de «massacre agricole». Pour lui, la solution ne peut que passer par des mesures concrètes mises en place par le gouvernement, comme un allégement des charges financières et des normes environnementales.
Un nouveau combat qui, pour cet ancien sportif, est loin de lui faire peur. Aujourd'hui en première ligne sur l'autoroute, il a quitté les terrains de rugby après un mauvais plaquage qui lui a couté sa carrière, il y a plus de trente ans. Conduit à l’hôpital en hélicoptère, il avait été immobilisé pendant plusieurs jours.
S'il a dû, sur les conseils des médecins, dire adieu au rugby et ne plus pratiquer aucun sport à risque, le moindre choc pouvant le rendre tétraplégique, cet agriculteur n'en reste pas moins décidé à représenter coûte que coûte ses pairs avec honneur.