Depuis sa nomination au ministère de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra est sous le feu de nombreuses polémiques. Son salaire important à la Fédération française de tennis ou encore le système de contournement de Parcoursup pour son fils la mettent dans l'embarras.
A peine arrivée et déjà ren difficulté. Amélie Oudéa-Castéra, nommée ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, est confrontée à plusieurs polémiques depuis son installation rue de Grenelle. Les révélations s'accumulent au point d'inquiéter des membres de la majorité.
Ancienne espoir du tennis français et énarque, Amélie Oudéa-Castéra a commencé sa carrière politique à la Cour des comptes, avant d'intégrer le secteur privé dans des groupes comme Axa ou Carrefour. Elle a ensuite été à la tête de la Fédération française de tennis (FFT) de 2021 à 2022, avant d'intégrer le gouvernement au ministère des Sports.
Plus de 70.000 euros perçus pour 11 réunions
La dernière polémique en date ne remonte pas plus loin qu'à hier. Ce lundi, la Tribune de Lyon a révélé qu'Amélie Oudéa-Castéra aurait touché 53.000 euros sur la seule année 2021 et 20.000 euros en mai 2022, avant son entrée au ministère des Sports, en tant qu'administratrice de l'équipementier lyonnais Plastic Omnium, spécialisé dans la carrosserie automobile.
Selon l'hebdomadaire, Amélie Oudéa-Castéra siégeait au conseil d'administration de l'entreprise depuis juin 2014 et au comité des comptes. Ainsi, pendant son mandat à la Fédération française de tennis, où sa rémunération est également critiquée, elle se serait rendu à Lyon pour 11 réunions en un peu plus d'un an, avec une rémunération de 73.000 euros.
Elle a d'ailleurs été choisie par le groupe lyonnais pour «son expérience managériale et opérationnelle acquise au long de sa carrière, ainsi que ses compétences dans le domaine de la finance, mais également dans celui du digital et des techniques de l'innovation». Mais il s'agit ici de rémunérations privées que des sociétés peuvent octroyer librement.
Un salaire à la FFT jugé «disproportionné»
Ce n'est pas le cas du dossier concernant la Fédération française de tennis (FFT). Ce lundi a été publié un rapport parlementaire sur le fonctionnement des fédérations sportives, mené par la députée EELV Sabrina Sebaihi. Parmi les conclusions de ce dossier figure la rémunération d'Amélie Oudéa-Castéra en tant que directrice générale de la FFT de mars 2021 à mai 2022.
Selon la députée, la ministre aurait «été payée 400.000 euros brut, plus 100.000 euros de primes d'objectifs et de performances sur une année»., un salaire jugé «disproportionné». Or, l'actuel président de la FFT, Gilles Moretton, aurait «menti» sur cette somme, tout en ayant «été très imprécis sur plusieurs éléments, dont la question du salaire de la ministre». La ministre aurait ainsi «minimisé une augmentation (annuelle) de plus de 86.000 euros».
Mais la question du salaire n'est qu'une petite partie des critiques adressées à cette dernière dans le rapport de 250 pages. Selon Le Monde, qui a pu s'en procurer une partie, il a été reproché des «défaillances systémiques» sur l'éthique et la lutte contre les violences sexuelles. Il est ainsi noté «l'absence de volonté politique» ainsi que des «carences» lors du «contrôle de l'honorabilité des éducateurs», afin de s'assurer de leur absence de condamnations graves.
Amélie Oudéa-Castéra a tenté de balayer ces critiques en dénonçant un rapport «militant» et «instrumentalisé à des fins politiques». La députée Sabrina Sebaihi lui a rétorqué qu'il s'agissait «d'une enquête transpartisane, la présidente de la commission d'enquête (Béatrice Bellamy, ndlr) n'[étant] pas Europe Ecologie-Les Verts, mais Horizons, et fait partie de la majorité».
Une polémique initiale autour du groupe scolaire Stanislas
Enfin, le sujet concernant la scolarité des ses enfants au sein du groupe scolaire privé Stanislas, n'en finit plus de faire débat. Le 12 janvier dernier, pour sa première sortie en tant que ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra s'était rendue au collège Saint-Exupéry à Andrésy (Yvelines), au côté du Premier ministre Gabriel Attal. Après un moment en compagnie des élèves, elle avait été interrogée par des journalistes. Elle avait alors parlé «d'heures pas sérieusement remplacées» à l'école publique Littré, dans le 16e arrondissement, ce qui aurait justifié ce choix d'inscrire son fils dans le privé. Des déclarations qui ont provoqué la consternation du milieu enseignant, forçant la ministre à se rendre sur place pour un mea culpa. Les syndicats en ont alors profité pour critiquer le «mépris insupportable» de la part de la ministre, «pourtant censée représenter» l'éducation publique.
Mais la polémique ne s'est pas arrêtée là car le groupe scolaire privé catholique se trouve actuellement le coup d'une enquête administrative de l'Éducation nationale. Un rapport a ainsi relaté des dérives homophobes, avec des insultes «omniprésentes» et un positionnement anti-IVG, ainsi qu'un manquement aux cours d'éducation sexuelle. Le directeur de l'établissement avait expliqué sur CNEWS que «[leur] projet est d'enseigner ce qu'est la foi chrétienne pour que nos élèves la connaissent. Ce n'est pas d'imposer de croire». La ministre a parallèlement demandé à être dessaisie de cette enquête administrative, ce qui a été accepté par Gabriel Attal.
Dans le dernier volet de cette affaire, des révélations ont été faites par Mediapart sur un système de contournement du système de Parcoursup mis en place au sein du groupe Stanislas. Les élèves étaient fortement «incités» à ne choisir qu'un seul vœu pour les formations post-bac au sein de l'établissement, «en échange de la garantie d'[y] être admis». Une pratique «contraire aux principes et aux règles de la procédure Parcoursup», selon les enquêteurs, dont le fils d'Amélie Oudéa-Castéra aurait bénéficié, pour entrer en classe préparatoire.
Moins de deux semaines après sa nomination, certains réclament une démission d'Amélie-Oudéa Castéra. Pour le moment, le président de la République n'a pas réagi aux derniers événements. Lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier, Emmanuel Macron avait estimé que «la ministre (avait) eu un propos public qui a été maladroit. Elle s'en est excusée, elle a bien fait». Avant de rajouter qu'«[il avait] plutôt de l'indulgence», vis-à-vis des déclarations de la ministre.