Ce vendredi 5 janvier, les représentants des ostréiculteurs du bassin d'Arcachon ont rendez-vous à Bordeaux pour échanger avec le préfet de Gironde. Ils demandent à être indemnisés après avoir été soumis à des interdictions de commercialisation.
Les fêtes de fin d'année constituent d'ordinaire l'un des temps forts des ventes d'huîtres en France, mais l'année 2023 n'a pas tenu ses promesses. Plusieurs sites de production sont actuellement touchés par des interdictions temporaires de commercialisation après des cas de «toxi-infections alimentaires». Premiers touchés, les ostréiculteurs du Bassin d'Arcachon doivent être reçus ce vendredi 5 janvier à Bordeaux, par le préfet de Gironde.
La commercialisation des huîtres de la région a été suspendue quelques jours seulement avant le Nouvel An. Autour de Noël, Santé publique France avait enregistré «une hausse des passages aux urgences pour symptômes gastro-intestinaux liés à une même origine alimentaire» et des enquêtes sanitaires avaient confirmé la contamination des huîtres du bassin par un «norovirus».
D'après la préfecture, les malades présentaient des symptômes similaires à «ceux de la gastro-entérite aiguë» mais «aucun cas grave» n'avait été détecté. Les coquillages ont immédiatement été retirés de la vente et le sont toujours actuellement. Des mesures similaires ont ensuite été prises dans certains secteurs littoraux du Calvados et de la Manche, pour les mêmes raisons.
Cette situation implique un manque à gagner conséquent pour les conchyliculteurs concernés et ceux du bassin d'Arcachon ont bien l'intention de défendre leur cause ce vendredi face au préfet de Gironde.
Ils estiment que les ventes du Nouvel An auraient représenté quelque 800 tonnes de coquillages vendues, pour un chiffre d'affaires de 7 à 9 millions d'euros. Le Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) réclame un dédommagement et a dit se réserver le droit de porter plainte si «une solution concrète pour indemniser les entreprises sinistrées» n'est pas rapidement trouvée.
Le président du comité, Olivier Laban, a précisé qu'il ne demandait pas «le remboursement de tout le chiffre d'affaires» mais «uniquement de la marge brute perdue».
Les réseaux d'eaux usées mis en cause
Les ostréiculteurs assurent que la contamination de leurs huîtres n'est pas de leur fait. Ils se disent «victimes de la saturation des réseaux d'eaux usées et d'eaux pluviales» qui, selon eux, débordent dans le milieu naturel et contaminent les zones d'élevage, notamment après de grosses intempéries telles que celles connues à l'automne.
Dans un entretien à Ouest-France, le secretaire d'Etat à la Mer, Hervé Berville, a lui-même reconnu que «l'enjeu numéro un est en effet l'investissement des collectivités locales dans les systèmes de traitement (des eaux usées). Ces interdictions temporaires ne sont pas du tout liées au travail des conchyliculteurs, a-t-il ajouté. Elles sont liées à des virus (provenant des eaux usées rejetées à la mer, ndlr), pas à la qualité des huîtres.»
Outre l'impact financier, les producteurs craignent que l'image des huîtres française reste entachée. Leur inquiétude s'appuie sur le fait que les ventes de ces coquillages ont globalement chuté, y compris dans des secteurs non concernés par les mesures sanitaires.