Alors qu'une «procédure disciplinaire» est ouverte à l'encontre de Gérard Depardieu afin de décider du retrait ou non de sa Légion d'honneur, d'autres personnalités françaises et étrangères ont auparavant perdu leur prestigieuse distinction.
«Une Légion d'honneur, cela distingue un homme, un artiste, une attitude, des valeurs», avait déclaré il y a une semaine, Rima Abdul Malak, avant d'annoncer l'ouverture par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur d'une «procédure disciplinaire», à l'encontre de Gérard Depardieu.
«Un conseil de l'ordre de la Légion d'honneur va se réunir et va engager une procédure disciplinaire pour décider si cette Légion d'honneur doit être suspendue ou pas, retirée complètement ou pas. Ce sera à eux de décider», avait détaillé la ministre de la Culture, alors que la diffusion d'un «Complément d'enquête» sur la star française du cinéma - également visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle - a été le point de départ de la polémique.
Plus haute décoration honorifique française, la Légion d'honneur «peut être retirée en cas de condamnation pénale et lorsque le décoré a commis des actes contraires à l’honneur ou de nature à nuire aux intérêts de la France», explique le site de l'institution. Si un retrait de la Légion n'est pas anodin, il n'est pas non plus rare, car plusieurs personnalités françaises ou étrangères l'ont perdu dans le passé. En voici quelques exemples par ordre chronologique.
Philippe Pétain
Décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1917 pour sa bravoure lors de la Grande Guerre, le Maréchal sera frappé d'indignité nationale pour son rôle à la tête du régime collaborationniste de Vichy.
Sa Légion d'honneur lui est retirée à l'occasion de sa condamnation à mort en 1945, qui sera finalement commuée en emprisonnement à perpétuité.
Maurice Papon
Autre cadre du régime de Vichy, Maurice Papon a pourtant pu continuer sa carrière politique après la Seconde Guerre mondiale, devenant préfet de police de Paris en 1958 ou ministre du Budget de Valéry Giscard d'Estaing entre 1978 et 1981.
Rattrapé par son passé, il est condamné pour complicité de crimes contre l'Humanité en 1998 et se voir retirer sa Légion d'honneur, avec laquelle il sera pourtant enterré en 2007.
John Galliano
L'emblématique directeur artistique de Dior est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2009.
Cette distinction est retirée au Britannique par décret en
Lance Armstrong
Vainqueur de sept Tours de France consécutifs de 1999 à 2005, le cycliste américain est récompensé de la Légion d'honneur en mai 2005.
Son usage avéré de produits dopants lors de sa carrière provoquera sa déchéance et le retrait de sa distinction en pour «comportement contraire à l'honneur».
Bachar al-Assad
Décoré de la Grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur en 2001, le dictateur syrien est désavoué dix ans plus tard pour la répression de son peuple lors du printemps arabe, puis lors de la guerre civile syrienne.
Après le déclenchement d'une procédure par l'Elysée en 2018, la présidence syrienne annonce elle 19 avril 2018 avoir rendu la Légion d'honneur attribuée par la France à Bachar al-Assad.
Claude Guéant
Ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy entre février 2011 et mai 2012, l'ancien préfet est condamné pour détournement de fonds publics le 16 janvier 2019.
Il est alors exclu de l'ordre de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite.
Isabelle Balkany
La première adjointe et épouse du maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 30 janvier 2008.
Condamnée pour fraude fiscale, elle est exclue le par un arrêté faisant état d’un comportement «contraire à l'honneur».
Harvey Weinstein
Producteur emblématique de cinéma américain, Harvey Weinstein est fait chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy le 7 mars 2012. , Emmanuel Macron avait annoncé une procédure pour priver Harvey Weinstein de sa décoration à cause de multiples accusations d'agression sexuelle à l'origine du mouvement MeToo. Libération expliquait toutefois en juillet 2019, que ce retrait n'était pas encore effectif.
Concernant Gérard Depardieu, le président de la République lui a apporté publiquement son soutien ce mercredi sur France 5. «Ce n'est pas sur la base d'un reportage ou de telle ou telle chose qu'on enlève la Légion d'honneur à un artiste parce qu'à ce tarif là, on aurait enlevé la Légion d'honneur à beaucoup d'artistes», a déclaré Emmanuel Macron, en estimant que Rima Abdul Malak s'est «avancée» en parlant d'une procédure qui pourrait ôter la distinction de l'acteur.
En l'absence de condamnation judiciaire pour les faits qui lui sont reprochés, Gérard Depardieu pourrait donc conserver encore quelque temps sa Légion d'honneur.