Selon une étude publiée par la Haute autorité de santé (HAS), seulement 3% des femmes disent avoir été questionnées par leur médecin généraliste sur d'éventuelles violences conjugales sur les 18 derniers mois. Un constat qui intervient alors que ce samedi se tient la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Des questions qui devraient être systématiques selon la HAS. Alors que se déroule la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ce samedi 25 novembre, la Haute autorité de santé a constaté que les médecins généralistes ne questionnaient pas assez leurs patientes au sujet des violences conjugales.
Depuis 2019, la HAS a recommandé «aux professionnels de santé de premier recours (généralistes, gynécologues, pédiatres, urgentistes, sage-femmes...) de demander à toutes leurs patientes si elles subissent ou ont subi des violences, même en l’absence de signes d’alerte».
L’objectif est de «faciliter la parole des victimes en normalisant le sujet», a rappellé l'autorité publique dans un communiqué publié ce vendredi.
En se basant sur ce baromètre réalisé avec l'institut BVA en octobre 2022 puis en octobre 2023, la HAS a indiqué que sur 1.000 femmes dont 891 avaient consulté un généraliste au cours des 18 derniers mois, les pratiques des médecins «stagnent» et cette recommandation reste «trop peu mise en œuvre», alors que les Françaises y sont «très favorables».
Toujours selon cette étude, en 2022 comme en 2023, seules 14% des femmes ayant consulté un généraliste dans la période se souvenaient avoir été questionnées sur leur relation avec leur partenaire. De plus, une très petite minorité, soit 3% des répondantes, a affirmé avoir «été directement questionnée sur d'éventuelles violences conjugales» subies.
Une femme sur cinq a déclaré avoir déjà subi des violences
Parmi cet échantillon, une femme sur cinq a pourtant déclaré subir ou avoir déjà subi des violences de la part de son partenaire, physiques, verbales, psychologiques ou sexuelles. 2% ont dit les subir actuellement et 18% en avoir été victimes dans le passé.
«En moyenne en France, on estime que 3 à 4 femmes sur 10 pourraient être victimes de violences conjugales dans la patientèle d'un médecin généraliste», a précisé la HAS.
Selon l’autorité, «contrairement aux craintes de certains professionnels, 96% des femmes interrogées considèrent qu’un questionnement systématique est une bonne chose».
Néanmoins, une partie d'entre elles ont indiqué qu'elles pourraient se sentir gênées (23 %), jugées (15 %) ou choquées (13 %) par ce type de question, mais la plupart «déclarent quand même y être favorables».
Concernant les ressources sur les violences conjugales, elles sont encore insuffisamment disponibles en cabinet. Seules 28% du panel «se souvient en avoir vues», une proportion un peu plus grande (38%) parmi celles ayant déjà été victimes.
L'enquête de la HAS a été réalisée en ligne, sur un échantillon représentatif de 1.000 femmes françaises de plus de 18 ans, entre les 29 septembre et 6 octobre 2023.