Une deuxième enquête pour viols sur mineur vise désormais Gabriel Matzneff, après qu'une femme a affirmé avoir été violée par l'écrivain de ses 4 à 13 ans.
Une femme d'une cinquantaine d'années, accusant l'écrivain Gabriel Matzneff de l'avoir violée de ses 4 à 13 ans, a demandé en octobre au parquet de Paris de l'auditionner, d'après un courrier de ses avocats consulté par l'AFP, qui rapporte ce jeudi qu'une enquête a été ouverte à la demande du ministère public.
Les investigations ont été confiées le 23 octobre à l'Office des mineurs, a précisé le ministère public. «La requérante sera donc entendue, afin de pouvoir préciser les faits reprochés», a indiqué le parquet. «Les investigations porteront tant sur leur caractérisation et (leur) qualification que sur les délais de prescription au regard de leur ancienneté», les faits reprochés remontant à «plusieurs décennies», a-t-il précisé.
Les conseils de Bérénice*, fille adoptive d'un «ami intime» de Gabriel Matzneff, ont écrit le 10 octobre au parquet pour demander «l'audition-plainte» de leur cliente afin qu'elle soit entendue, porte plainte et fournisse les nouveaux éléments qu'ils ont pu recueillir en 18 mois de travail.
Selon ce courrier, révélé par RMC et dont l'AFP a eu connaissance, Bérénice a pu, depuis l'installation de ses parents adoptifs en Ehpad en septembre 2020, retrouver de nombreux documents «dissimulés» à leur domicile : correspondances entre le père adoptif et Gabriel Matzneff, agendas personnels et professionnels... Leur «découverte (...) l'a autorisée à mettre en mots des souvenirs et des vécus traumatiques jusque-là silencieusement bruyants», expliquent ses avocats.
Bérénice a aussi engagé «un dialogue avec son père adoptif», aujourd'hui décédé. Dans leurs échanges enregistrés, son père «témoigne et confesse de faits dont lui-même et certains de ses amis, dont Gabriel Matzneff, ont été les auteurs», affirme le courrier.
D'autres victimes de cercles mondains pédophiles
Bérénice dénonce des viols commis à Paris, dans un contexte de «cercles mondains et d'influence, au sein desquels quelques-uns de leurs membres partageaient une certaine idée de la pédophilie, voire même en partageaient une certaine pratique», accuse le courrier.
Ces faits auraient été commis au domicile familial - l'ancien hôtel particulier de la Princesse de Salm - où Gabriel Matzneff était «très régulièrement reçu», dans un appartement rue de Varenne et dans une chambre de l'hôtel Pont Royal, dans le 7e arrondissement.
Si les faits reprochés sont a priori prescrits, Bérénice a aussi été «le témoin oculaire d'exactions sexuelles, de viols, commis par Gabriel Matzneff et d'autres sur trois enfants, eux aussi adoptés, par des familles du même milieu» et dont la prescription n'est pas encore établie, affirme à l'AFP Me Costantino.
Bérénice s'inquiète également que des enfants puissent encore être «en contact» avec Gabriel Matzneff, notamment un mineur de moins de quinze ans, dont le père est proche de l'écrivain. Contacté, l'avocat de l'écrivain n'était pas joignable dans l'immédiat.
Une première enquête pour viols sur mineur visait déjà à Paris Gabriel Matzneff. actuellement à l'analyse au parquet des mineurs de Paris et qui réunit désormais les «déclarations de plusieurs victimes». Le parquet l'avait ouverte en janvier 2020 après la publication du livre «Le Consentement» de Vanessa Springora, qui y décrit une relation sous emprise alors qu'elle avait 14 ans. Le parquet des mineurs de Paris analyse actuellement l'enquête, terminée, «afin de rechercher si des éléments auraient permis d'interrompre la prescription des faits dénoncés».
(*La requérante a demandé l'anonymat)