L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a pris le contrepied du reste de la majorité, ce dimanche, en jugeant d'un bon œil la participation du Rassemblement national (RN) à la manifestation contre l'antisémitisme.
Édouard Philippe valide la présence du Rassemblement national. Alors que plus de 180.000 personnes ont défilé en France ce dimanche à l’occasion de la grande marche civique contre l’antisémitisme, la présence du Rassemblement national a été contestée par la gauche et la majorité en raison du passé antisémite du parti. Pas de quoi convaincre l’ancien Premier ministre, qui a estimé qu’il fallait «prendre tout le monde».
«Lorsqu'il s'agit de dire quelle nation nous voulons être, lorsqu'il s'agit de dire que nous voulons combattre l'antisémitisme, moi je prends tout le monde», a-t-il déclaré, tout en rappelant qu'il est un adversaire résolu du parti de Marine Le Pen. «Le Front national est un parti politique que je combats», a-t-il ajouté en utilisant l'ancien nom du Rassemblement national, lié à son cofondateur désormais écarté Jean-Marie Le Pen, condamné à plusieurs reprises pour des propos antisémites ou négationnistes.
«Le fait que le Rassemblement national dise de façon explicite, peut-être désormais, qu'il lutte contre l'antisémitisme est quelque chose à prendre en compte. Je ne fais pas le tri des bonnes volontés qui veulent lutter contre l'antisémitisme», a développé le favori des sondages dans le camp macroniste pour l'élection présidentielle de 2027.
Le Rassemblement national au coeur des tensions
Pourtant, la présence de l'extrême droite a bien été la source de quelques tensions dans le défilé. Un groupe de militants de l'organisation juive de gauche Golem a ainsi brièvement essayé de s'opposer à sa participation au début de la manifestation, avant d'être contenu par la police. Les partis de gauche Europe Ecologie-Les Verts, PS et PCF ainsi que des associations de défense des droits humains ont quant à eux choisi de s'afficher derrière une banderole commune «contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme» dans une démarche de «cordon républicain» face à l'extrême-droite.
De son côté, la France insoumise a même décliné l'appel des présidents du Parlement. Le parti de gauche radicale a boycotté la manifestation du fait de la présence du RN, même si des Insoumis ont participé à d'autres rassemblements en province. Dans un message sur la plateforme X, la Première ministre Élisabeth Borne avait quant à elle fustigé les «postures» de LFI, qui a boycotté la marche, et du Rassemblement national, dont «la présence ne trompe personne».
Plus de 182.000 personnes ont défilé ce dimanche après-midi en France, dont 105.000 à Paris lors de la grande marche «civique» contre l'antisémitisme organisée à l'appel des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.
Il s'agit de la plus forte mobilisation contre l'antisémitisme depuis la marche de protestation contre la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990, qui avait rassemblé quelque 200.000 personnes à travers le pays.